Le temple d'Isthar
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Le temple d'Isthar

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Flamme
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MessageSujet: Ecrire pour ceux qui écrivent .....   Ecrire pour ceux qui écrivent ..... Icon_minitimeLun 10 Aoû - 12:07

La salle des archives de la confédération galactique était encore plongée dans la pénombre malgré l’apparition des premières lueurs de l’aube traversant les grandes baies vitrées.
Les murs étaient entièrement recouverts de hauts rayonnages remplis de boites contenant l’intégralité de ce qui avait pu être consigné de l’histoire de galactica.
Ça et là, de silencieux drones pourvus de membres télescopiques les desservaient.

La salle était vide et les longues tables servant à la consultation parfaitement nettes, seule une petite lampe allumée sur l’une d’elle signalait une présence humaine en ces lieux.

Qu’était-il venu faire là ? Le savait-il lui-même ? Une boite à archives était ouverte devant lui et une pile de registres et de rapports en débordait.
Les consultait-il vraiment ? Il semblait perdu dans ses pensées. Un pot de café froid et une tasse vide attestaient qu’il avait passé la nuit là.

Il avait lu nombre d’archives, un peu au hasard.
Des récits anciens, les comptes rendus de certains débats, les commentaires que les pigistes de la confédération avaient pu glaner dans les couloirs, ou à la faveur d’une confidence, la grande histoire de galactica mais aussi les petites histoires qui bien souvent expliquaient la première, avaient défilé devant ses yeux rougis.

Réminiscences du passé, États aujourd’hui disparus, grandeur, décadence, querelles feintes ou propos serviles, rien ne manquait et la diplomatie oscillait constamment entre le rôle de composition et la tendance, dont on ne saurait dire si elle est fâcheuse, à traduire plus facilement le cœur de l’homme que la position stratégique des États.

Le cœur et la raison ! Éternel dilemme !

Il ne savait dire qui avait raison ou qui avait tort !
Il avait lu des échanges cinglants qui trahissaient, au détour d’une phrase, au coin d’une tournure, une complicité qui donnait à penser, qu’en fait, aucun des pugilistes ne lèverait jamais de flotte contre l’autre, il avait lu des discours suintant la peur et la haine et d’autres où manifestement les rhéteurs ne souhaitaient, en fin de compte, que trouver un public soit pour faire le pitre, soit pour exprimer un ego débordant qui ne pouvait se satisfaire de la gangue des manœuvres militaires.

Puis quelques rares interventions où seule la raison semblait s’exprimer.
Elles le laissèrent dubitatif.
Pourquoi soudain une telle maitrise de soi ? Que cachait cette implacable rationalité et par quoi était elle causée ? Est ce de la froideur ? De la timidité ? De la peur peut être ?
Il se demandait si le raisonnement n’était pas en fait juste une construction intellectuelle visant à justifier des actions qui n’avaient d’autre origine que l’expression de sentiments refoulés… la raison comme ultime avatar du mensonge …..

Encore dans ses pensées, il saisit une boite. L’aspect rutilant de son fermoir attestait qu’elle n’était pas souvent consultée, pourtant pas un grain de poussière ….

Il en sorti plusieurs manuscrits et y retrouva souvent les mêmes écritures.
Il se plongea dans leur lecture avec délectation.
Ils s’agissaient d’œuvres de pure fiction réinventant des mondes oubliés ou transposant dans une dimension onirique des personnages hauts en couleur.
Et d’histoires d’amour, de magie et de rêve, de récits épiques en sentiments volés, il se laissait glisser sur les ailes du rêve, sur les mots de ceux qui avaient voulus partager leur gout pour l’imaginaire, pour le récit, la poésie mais aussi cette essence qu’il livraient d’eux même avec tant de générosité.

Voilà, le mot était dit ! Générosité !

S’il décelait un peu d’égocentrisme chez les slamers confédérés, ce n’était pas le sentiment global qu’il retirait de ses nocturnes lectures.
Certes il faut être imaginatif mais est ce suffisant ? Il faut aussi disposer d’une langue, de mots et des arcanes de leurs articulations …. A y bien réfléchir est ce que tout ça est vraiment indispensable ?

Tout le monde dispose d’un tant soit peu d’imagination, nous ne sommes pas des machines ! Qui pourrait prétendre ne s’être jamais perdu dans un rêve éveillé ?
Quant à l’écriture … Ce n’était pas comme si les habitués des salles de la confédération refusaient leur aide !
Au cours de la nuit, il avait vu en marge de nombreux textes la fine écriture d’Alexiel, les volutes de Lilas venant ajouter un « s » ça et là ou les pattes de mouches de Flamme et bien d’autres encore…. A sa connaissance, personne n’avait jusqu’alors refusé son aide pour mettre en forme les pensées de ceux qui avaient envie de les exprimer.

Non, ce qu’il fallait pour ajouter une petite pierre à l’édifice, ce qui est nécessaire et qui ne peut s’acquérir, c’est la générosité car il en faut pour partager un peu de soi même avec les autres.

Curieusement les pages réservées aux commentaires étaient soit indigentes, soit complaisantes, et quelquefois même inexistantes.
Il était patent que la générosité n’était point payée en retour, les rêveurs rêvaient entre eux ! Et il en serait ainsi tant qu’il y aurait plus de monde au café du commerce qu’à la bibliothèque.

Des pas vinrent troubler le silence de la grande salle des archives. Il se retourna et vit un jeune homme approcher d’un drone, les bras chargés d’un épais dossier. Il le posa sur le dessus du drone et tapota les informations nécessaires à l’indexation du document. Le bras télescopique du drone s’en saisit et après un déplacement de quelques mètres, se déplia et fit monter le document lentement jusqu’à l’emplacement quotté AW 0236.
Le jeune homme suivait le document des yeux.
Il aurait pu avoir de la prestance s’il n’avait pas eu les joues maculées de sang séché et un uniforme poussiéreux déchiré par endroit.
Une fois le document en place, il tourna les talons et s’en fut d’une démarche digne et lente.

Le noctambule avait compris que la nuit avait apporté son lot de souffrances.
Il avait vu dans le regard du jeune chef, les morts qui lui restaient à pleurer, les mois de labeur et d’espoir annihilés, les bâtiments chèrement acquits et aujourd’hui à terre, une armée décimée, des ressources pillées et pire encore, il y avait vu le doute, mais comment ne pas douter ? Aurait-il le courage de tout reconstruire ? De recommencer encore pour peut être tout reperdre demain !

Avec un peu de chance serait-il bien entouré par une alliance solidaire, avec un peu de chance on ne lui aurait pas servi le ridicule et douloureux « c’est la vie ma pov’ Lucette « …. Il l’espérait …

Le chercheur se pencha alors sur le registre des Etats, les anciens, les nouveaux, certains noms lui étaient parfaitement connus et il en lisait d’autres pour la première fois. Quand il le compara à la liste des États ayant effectué des dépôts aux archives de la confédération, il fut étonné de constater le grand nombre d’Etats « muets ».
Il ne s’agissait certes pas d’Etat à l’abandon ! Il les voyait œuvrer régulièrement dans le ciel galacticain.
Manifestement beaucoup de chefs d’Etat préféraient le silence et les salles de la confédération, étaient et resteraient, le théâtre de quelques divas plus ou moins talentueuses.

Fallait-il encore parler d’élitisme ?
Comme pour toutes les questions qu’il se posait en ce moment la réponse ne serait probablement pas tranchée et si le caractère élitiste du prétoire existait bel et bien, il ne suffisait pas à expliquer ce mutisme, on devrait y ajouter probablement une bonne dose de désintérêt de certains chefs d’Etat pour la vie de la confédération.

Il était entré, hier soir au crépuscule, dans cette grande salle à la recherche de réponses, il en sortirait bientôt, après une nuit de lecture, avec encore plus que questionnements, mais n’est pas là le prix de la connaissance ?

Il se servit une tasse de café froid qu’il porta à ses lèvres. Il en avala une gorgée en grimaçant.

Quelles décisions prendrait-il pour son peuple ? Quel dirigeant souhaitait-il devenir ? Qu’elle place serait la sienne dans la vie galacticaine ?
Il savait que des débuts de réponse étaient venus à lui pendant la nuit et il savait également qu’il saurait décider en temps et en heure.

La porte de la salle des archives s’ouvrit alors sur la démarche pressée d’une petite prêtresse galléenne en toge rouge arborant un étrange teint indigo.

Hhha Sursum s’écria-t-elle d’un air soulagé, tu es donc là !! Tout le monde te cherche !

Ses grands yeux bleu marine trahirent de l’étonnement quand Sursum lui répondit simplement

Moi aussi ….
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MessageSujet: Re: Ecrire pour ceux qui écrivent .....   Ecrire pour ceux qui écrivent ..... Icon_minitimeLun 10 Aoû - 12:20

L’homme marchait à grands pas dans la fraicheur de la nuit.

Il suivait une ruelle qu’éclairait la lumière blafarde d’anémiques candélabres.
On n’entendait que le bruit du vent qui sifflait dans les cheminées des immeubles délabrés qui se serraient les uns contre les autres semblant vouloir se protéger des dangers du bourbier.
Les bottes de l’homme claquaient sur le bitume humide.

Comme sous l’effet d’une illusion, les maisons se firent moins denses et il entra dans une zone d’entrepôts aux portes arrachées et contourna la carcasse d’un véhicule incendié.

Il s’avança dans le terrain vague et vit au centre ce qu’il était venu chercher, ce pourquoi il était là.
Assise auprès d’un feu de camps dont les hautes mèches incandescentes s’échappaient vers le ciel, une femme attendait.

Il s’arrêta et respira profondément, en levant les yeux sur l’immensité de l’abime étoilé.

Il est dans l’existence des moments clé, déterminant, des instants que l’on sent cruciaux sans trop savoir pourquoi, qui accélèrent le rythme du cœur et on frissonne au passage du vent sur la moiteur qui soudain envahie notre nuque et nos mains tremblantes.
Mais courage... il faut y aller, tu as peur mais tu auras plus de remords d’avoir reculé que de regrets d’avoir essayé et d’avoir échoué.

C’est ce que se disait cet homme en reprenant la marche qui le conduisait jusqu’au brasier, jusqu’à cette femme qui bien qu’assoupie gardait dans sa posture une fierté qui en révélait la noblesse.

Il s’assit face à elle de l’autre coté du flamboyant obstacle et perdit son regard dans les rougeoiements des tisons crépitant.
Sans un mot, sans un bruit ….

Je hurle dans la nuit, les mots se bousculent, se font et se défont, s’agglutinent en phrases, se mélangent en sons, ricochent sur les murs d’une prison de verre, ils cherchent une issue, ils vivent un enfer. Quand l’esprit les délivre, ils s’échappent en prose, se libèrent en vers, percutent les défenses, grandissent les travers et deviennent les armes pour un combat ultime qui porte leur auteur à côtoyer les cimes.


Soudain au sein du feu un nœud de bois explose, laissant s’échapper des nuées d’étincelles lumineuses qui montent vers le ciel étoilé en volutes gracieuses.
La femme ouvre les yeux, l’homme lève la tête.

Leurs regards, un instant, juste un instant... se croisent.

Et le temps s’arrête, pétillance brune effleurant l’éclair vert, l’ombre et la lumière, la glace et la lave, mais le verbe avant tout, dénominateur commun de leur monde.
Les yeux se baissent, les respirations reprennent.

Les âmes suivent les parcelles de feu et s’élèvent en spirale au dessus de la source de chaleur, de la source de lumière, montent vers le ciel pour y puiser l’imaginaire qui est leur lieu, leur point d’ancrage, leur convergence. Un Eden mystérieux qui peut être la liberté, la réclusion, les enfers ou le paradis, l’exutoire ou l’exultoire.

Pinacle du bonheur exprimé par les mots, les phrases et les senteurs d’un céleste duo.

Puis arrivées aux fins de leur incandescence, les petites lueurs redescendent en cendre et posent leur grisé sur le tout, sur le rien, sur ce qui fut hier et qui sera demain.

Mais l’étrange couple continue son silence, yeux baissés, lèvres closes, ils y vivent leur transe, qui jouera du silence et qui jouera du bruit ? Qui voudra du jour, qui aimera la nuit ?
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MessageSujet: Re: Ecrire pour ceux qui écrivent .....   Ecrire pour ceux qui écrivent ..... Icon_minitimeLun 10 Aoû - 12:23

NexuS se sentait à l’aise ici, il était dans son élément.
Une taverne grouillante de monde, d’odeurs, de bruits et de vindicte où les vapeurs d’alcool étreignaient les esprits, pour qu’enfin, ils se libèrent des apparences et laissent exulter leur humanité.
Il y avait bien des façons d’exprimer les passions dans le bourbier. Les vices, les fantasmes et les rêves se réalisaient ici, à la faveur de boissons fortes, de substances prohibées ou d’un décolleté troublant.

Il était un habitué des bas fonds de Senata, il en savait les coutumes, les rites et les usages ainsi que les dangers et les dérives.
Il y avait connu ses premiers émois ainsi que son premier sang.
Combien de nuits avait-il passées avec ses hommes aux rythmes des rixes, des rires aigres des prostituées, des chansons de corps de garde, des ronflements des ivrognes affalés sur les tables ?
Il ne pouvait le dire tant elles étaient nombreuses et, de certaines, évaporées dans un songe éthylique, il ne gardait d’ailleurs aucun souvenir.

Il y croisait souvent d’autres Empereurs qui, venant se mêler à la populace, trouvaient ici comment libérer leurs pulsions.
Une fois fondus dans la clientèle des tripots, ils perdaient l’apparence policée qu’ils affichaient au Sénat et retrouvaient une gouaille que personne ne leur avait jamais soupçonnée. Leur caractère altier de chef suprême se diluait dans les excès des nuits d’ivresse et s’émulsionnait dans les éclats de rire gras.

Telle était la magie du bourbier qui l’instant d’un souffle, l’ombre d’une nuit, transformait les princes en vauriens.

C’est dans cette ambiance glauque et sulfureuse que lui, NexuS, le vaurien se transforma en Prince, car s’il est des noblesses de robe, lui appartenait sans nul doute à la noblesse d’épée, celle qui s’exprimait mieux sur les champs de bataille que dans le luxe du Sénat.

Le Sénat …il y était déjà allé bien sur !
Quel Empereur ne l’avait pas fait ? Cela faisait partie des devoirs de leur charge.
Mais voilà, il s’y sentait décalé, voire empoté !

Certes, il avait des idées et ses propres avis sur bien des choses mais il lui manquait l’essentiel pour les exprimer : Cette miraculeuse facilité qu’avaient les orateurs de jouer avec les mots et de jongler avec les arguments, lui faisait cruellement défaut.
Lors de ses rares visites au sénat, il avait écouté avec une béate admiration ceux, qui en quelques phrases, frappaient leurs adversaires plus fort qu’avec mille armées.
Il aurait tant aimé savoir faire cela aussi, mais arrivé au pouvoir par la force, il n’avait pas été préparé aux arts de la diplomatie et de la rhétorique et il reconnaissait avec une grande humilité qu’il n’avait aucune disposition naturelle pour les pratiquer avec talent.
Mais NexuS était un homme pragmatique. Il savait que l’on ne pouvait pas briller en toutes matières et il acceptait cela bien volontiers.
Ce dont il ne disposait pas, il se le procurait.
En Empereur prévoyant et responsable, il savait parfaitement qu’il devrait un jour ou l’autre faire entendre sa voix pour l’intérêt ou la défense de son peuple mais aussi, surement, pour l’intérêt et la défense de ses idées et avait pris donc soin de s’entourer de scribes et de rhéteurs qui sauraient transformer ses propos sèchement énoncés en phrases bien tournées.

Nexus était surpris de constater que des orateurs aguerris étaient descendus de leurs pupitres lustrés du sénat pour venir faire résonner leurs fabuleux organes dans cette taverne miteuse qui n’était d’habitude fréquentée que par quelques pochards et soldats en goguette.
Ils y venaient hier pour divertir leurs sens, y étaient ils ce soir pour pervertir leurs mots ?

Un jeune garçon dépenaillé entra dans la taverne et se faufila parmi les clients. Arrivé devant l’empereur il lui fit un salut bref et maladroit en lui remettant une enveloppe brune avec la mine fière du travail accompli.

NexuS ouvrit le pli et en sortit quelques feuillets dont il prit rapidement connaissance. Il sourit, c’était bien là ce qu’il attendait depuis un petit moment.
Il s’avança au centre de la pièce enfumée, s’éclaircit la voix et commença à lire son discours.

Chers amis des bas fonds, chers rhéteurs travestis pour une nuit de fêtes, je vous saluts.

Il porta son regard sur l’homme qui avait parlé en dernier.

Vous êtes un prophète et je ne vous porterai nulle contradiction, enfin, du moins fort peu…

Haaaa Dame Herpé, Dame Herpé, Dame Herpé …. Qui la cherche la trouve !

Ici dans le fin fond du bourbier, là où les sentiments se trouvent exacerbés, là où la misère côtoie la violence et où l’on peut enfin trouver le fond du gouffre ce n’est pas Dame Herpé que l’on vient chercher.
C’est une autre femme, belle, cruelle, sensuelle, qui donne des frissons à qui l’approche, qui peut emporter l’esprit et la raison.
Elle arrive toujours quand on ne l’attend pas et elle disparait quand tant on la désire, nous laissant au néant, nous privant de paroles, stériles discoureurs, muets rhéteurs, pales orateurs.
C’est la pire des garces, elle se nourrit de douleur, elle chante sur la peine et on peut être un maître du phrasé et des mots, sans elle on reste sec, seul, impuissant, on n’est plus rien. C’est à cet instant qu’on entend sonner le triste glas du vide.
Sans elle, la belle exaltation que vous nous décrivez et que tous autant que nous sommes souhaiterions tant atteindre est une inaccessible étoile, elle nous obsède et nous tente, on en rêve mais on ne la touche jamais.
Peu importe les mots et les phrases seule l’idée est maitresse … le reste suit comme l’infanterie.

Ouiiii oui … je parle bien de la ténébreuse, de la grande, de la sublime Dame Hinspi !
Qui chercheriez vous ici sinon elle ?

Et si quelquefois les mots sculptent les actes, avec elle, les actes extirpent les mots des obscurs tréfonds où ils s’étaient taris.

Oui ! Quand le sénat se meurt de platitude, on vient chercher ici entre autres libations et en autres luxures, les douleurs et les chimères qui enfantent la parole.

C’est inhabituel !

Mais est-ce aussi surprenant que cela que rechercher les borgnes dans l’aveuglement du bourbier, pour en faire des rois quand il ne reste plus que cette conviction à défendre ?

Je pense, quant à moi qu’il n’était point besoin d’aller chercher les mots si loin, ils sont là, ils y ont toujours été, au Sénat, dans les jardins et même aux confins de la barrière extérieure.
Ce qui leur manque, aux mots, c’est un débat qui les extirpe de leur gangue brumeuse, une vraie controverse qui les sorte de leur alanguissement et leur donne envie de pétiller, de crépiter, de rebondir et de se répondre.
Nous le savons tous, c’est bien souvent la guerre qui donne l’étincelle de ces débats houleux où s’opposent, guerriers, les hommes de paroles et ces affrontement nous donnent des frissons dont le souvenir nous attriste quand la paix revenue nous nous perdons à nouveau dans le silence.

Alors qui dites moi ?
Qui, touché par la grâce, ira ouvrir une salle au Sénat pour lancer le sujet qui sortira enfin les rhéteurs de leur terrible léthargie, et les orateurs compulsifs de la misère de cette taverne ?
Qui sera l’Empereur que la belle, la flamboyante, la cruelle Dame Hinspi aura choisi d’aimer, de caresser, de torturer jusqu’à la jouissance ultime ?

Alors vous voyez bien Monsieur l’inconnu, qu’il nous reste du chemin à parcourir encore et que votre tentative, si elle ne se solde pas par un échec ne demeure qu’une demi-réussite. Vous avez ici, entendu résonner quelques voix de talent mais aucune de celles que vous connaissiez déjà et que vous tentiez de voir à nouveau éclore, les seigneurs du Sénat ne vous ont pas suivi ici !
Quant à la liberté, chère liberté, si je n’ai pas celle d’utiliser les mots qui sont les miens, ceux du soldat que je suis, ceux du bourbier dont je suis issu, il me reste celle de payer un scribe pour qu’il transforme mes paroles en les vôtres ….

NexuS laissa tomber une à une les pages de son discours sur le sol crasseux de la taverne où des auréoles de taches grasses vinrent donner une transparence aux phrases qui venaient d’être prononcées au point de se demander si elles avaient réellement été dites….
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MessageSujet: Re: Ecrire pour ceux qui écrivent .....   Ecrire pour ceux qui écrivent ..... Icon_minitimeLun 10 Aoû - 12:30

Qu’il était agréable de jouir du charme bucolique des jardins de Senata !
A gauche d’un bosquet de hêtres centenaires, une allée serpentait traversant un petit parc jalonné de bancs de bois clair.
Tout autour s’étendaient des pelouses d’où montaient les parfums frais de la terre au lendemain d’une averse.
Seuls les bruissements d’ailes de quelques passereaux, se disputant un nid dans les hautes futaies, venaient troubler ce calme édénique.

Une femme était là, assise sur un banc. Elle avait déposé son long manteau bleu près d’elle et, vêtue d’un simple uniforme de lin gris, les jambes repliées sur sa poitrine et les talons en appui sur le bord du siège, elle lisait.
Ses longues mains fines tenaient un gros livre recouvert de marocain rouge et au fur et à mesure qu’elle en tournait les pages son regard clair glissait sur les mots avec un bonheur non dissimulé.
Elle en aimait la musique, la coloration et les virevoltes et ils l’emportaient dans un rêve éveillé qui faisait pétiller ses yeux et lui tirait de temps à autre un sourire.

Non loin, à proximité de l’allée de graviers blancs, était érigée une petite estrade agrémentée d’une rambarde en fer forgé à laquelle on accédait par deux marches de bois usés.

Les apprentis rhéteurs venaient s’y essayer à l’art du discours avec plus ou moins de bonheur.
La lectrice était une habituée de ce lieu et elle aimait s’interrompre pour écouter les jeunes talents qui, peut être, demain brilleraient au Sénat.
Il n’était pas rare que les promeneurs s’arrêtent pour écouter les paroles de quelques courageux qui tentaient l’exercice.

Elle se rappelait avoir entendu les premiers essais d’une jeune impératrice qui, venant exposer ses espoirs pour son peuple et ses armées, avait fait preuve d’un talent magnifique et son charisme avait subjugué les passants.
A n’en point douter, elle pousserait un jour les portes du Sénat en confiance pour aller porter haut les couleurs de son Empire ou de son alliance.

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire amusé au souvenir de ce vieil Empereur tombé, sur le tard, sous le charme de Dame Herpé et qui malgré son peu de talent oratoire, sut montrer au public, un humour décapant qui déclencha des salves d’applaudissements.

Un éclat de rire mélodieux résonna dans le calme jardin quand la jeune femme se rappela le jour où au détour d’une de ses séances de lecture, elle vit arriver, sous un déguisement, le vieux bouc anémique qu’elle affectionnait tant, un rhéteur aguerri, grimé en débutant.
Que ne ferait-il pas pour charmer la drôlesse ? Il était prêt à tout pour pincer quelques fesses !
Fallait-il s’étonner de rire des prouesses de l’inimitable, du grand, Lord of of Darkness ?

Aurait-elle aujourd’hui aussi le plaisir d’écouter quelque rhéteur qui viendrait s’entrainer ?

Perdue dans sa lecture elle entendit soudain qu’une voix s’élevait. Au bout des quelques instants elle la tira de son livre, c’était une voix douce et légèrement nasillarde qui débitait d’un ton monocorde des mots qui s’enchainaient entre eux d’une drôle de façon.
Elle tourna la tête pour savoir qui parlait.

Il s’agissait d’un jeune homme à peine sorti de l’enfance.
Il portait sur le visage, un masque de cuir brun qu’il avait décoré des plumes d’un maigre coquelet qui, dans son poulailler, devait certainement exposer, tout piteux, un croupion déplumé et un air malheureux.
On ne voyait de lui qu’une bouche torturée et à l’à-pic, un menton boutonneux révélait le combat que le jeune garçon livrait à ses hormones, qui une fois gagné ferait de lui un homme.

Elle était intrigué par les promeneurs qui, s’arrêtant un instant pour écouter le discours, s’éloignaient bien vite le visage chagrin.
Seuls deux jeunes hommes s’étaient installés sur la pelouse pour écouter les paroles du rhéteur en herbe.
L’un d’eux, les genoux repliés entre ses bras balançait nerveusement son corps d’avant en arrière en se rongeant les ongles, son attention extrême se portait sur le discours du jeune dirigeant qu’il ne quittait pas des yeux.
L’autre moins attentif semblait plutôt préoccupé par le public que pouvait attirer la prestation oratoire de son comparse et tournait la tête dans tous les sens comme pour repérer d’éventuels admirateurs.

La femme s’approcha et vint s’assoir à quelques mètres d’eux pour écouter avec une attention plus soutenue ce que disait le jeune homme.

Euh bafouilla-t-il, kikou les gens
Bha voilà moi je voulais juste dire que j’avais quelque chose à dire donc que je venais le dire et je crois que quand on a quelque chose à dire, il vaut mieux le dire que pas le dire. Parce que pas le dire c’est plat.

Il reçut l’approbation de ses deux compagnons qui dans un bel ensemble prononcèrent un loooool sonore

Il poursuivit … sous les encouragements …

Parce que bha voilà, quand on a quelque chose à dire et qu’on peut pas le dire c’est quand même la misère. Alors moi je profite que quand j’ai quelque chose à dire, je peux le dire, pour le dire.
Maintenant je veux pas dire qu’il faut forcement dire tout ce qu’on a à dire parce que quand même, toutes les choses ne sont pas bonnes à dire. Et aussi y a des trucs qu’on peut dire même s’il ne faut pas toujours tout dire. Parce que voilà, tout dire des fois c’est aussi trop en dire et trop en dire c’est plat.
Bon voila je voulais dire que j’étais content d’avoir pu dire ce que j’avais à dire.

Sur cette brillante conclusion, il rejoignit ses amis qui le congratulèrent bruyamment en lui donnant de grandes tapes dans le dos.

Un homme qui avait écouté le discours, discrètement appuyé sur le tronc d’un grand arbre, vint s’assoir sur l’herbe aux cotés de la lectrice et lui tendit un mouchoir avec un petit sourire narquois … un de tes élèves peut être ?
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