Le temple d'Isthar Ce forum a pour objet d'encourager l'écriture sans discrimination entre le Role Play (RP) et les formes d'écriture plus classiques. |
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| La traque .. | |
| | Auteur | Message |
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Flamme Admin
Nombre de messages : 332 Age : 63 Date d'inscription : 13/02/2009
| Sujet: La traque .. Mer 27 Mai - 19:19 | |
| D’une minute à l’autre le jour allait poindre. Allongée sur un rocher au bord de la falaise, la tête sur les pattes, la vieille lionne veille. Ses yeux jaunes percent la nuit pour la survie de son clan, de sa meute. Ils sont là, derrière elle, elle le sait, elle les sent et les ressent, mâles grondant dans leur sommeil à des rêves de chasse, jeunes lovés contre le flanc de leurs mères.
Soudain l’instant se fige. Sont-ce les sens ? Est-ce l’instinct ? Le danger est là ! Imminent, presque tangible sans qu’elle sache quelle forme il prendrait et d’où il viendrait. Immobile, elle scrute la plaine. Son cœur s’accélère et son sang bat plus vite contre ses tympans.
Elle reconnaît les signes, elle reconnaît les bruits. Enfin elle sait ! La chasse ! La chasse a commencé !
Sortant de son immobilité, elle descend souplement le sentier qui mène au pied de la falaise. Nez au vent, elle hume, oui elle la sent maintenant, l’odeur putride des hommes. Elle sait que quoiqu’elle fasse ils vont tuer. Pas pour étancher leur faim, pas parce qu’ils sont en danger, juste pour le jeu, pour le sport et sa vie ne pèsera pas lourd à l’aune de leur plaisir.
Que pourra-t-elle faire contre leurs armes ? Rien et elle se savait impuissante.
Ce jour là, le soleil se leva sur la chronique d’une mort annoncée.
Dés lors, elle n’aurait de cesse d’éloigner les prédateurs du clan.
D’un rugissement énorme, furieux, provocateur, elle les attira sur sa trace et débuta une course féline mais futile qui la conduirait à son dernier souffle à l’issue d’un injuste combat.
La traque commença.
Quand les heures pesèrent sur ses muscles engourdis elle sut que la fuite arrivait à ses limites et qu’il ne lui resterait bientôt que la ruse.
Les chasseurs réduisaient peu à peu la distance qui les séparait d’elle et la fin approchait.
Elle eut alors la tentation de s’arrêter là, de ne plus fuir, de coucher son grand, son vieux corps dans les fougères et d’attendre le coup fatal sans bouger, sans lutter quand le coup de feu claqua et que la balle la faucha en plein bond, lui arrachant un feulement de douleur.
La lionne fit un roulé boulé et atterrit lourdement sur le sol, à moitié sonnée. Elle secoua sa tête et instinctivement lécha l’impact du projectile sur le haut de sa patte droite.
- Tu l’as eu ? - Oui je crois que je l’ai touché cette sal*pe - Ne l’abime pas trop j’ai bien l’intention de m’en faire une carpette - Tu rigoles, c’est une vieille bête, elle doit être déjà mitée !
Si certains chasseurs avaient du respect pour leurs proies, ceux là n’en faisaient pas partie. Le cœur de la lionne s’embrasa d’une telle rage, qu’un second souffle la poussa à reprendre sa course, même si la douleur et la honte s’étaient rajoutées à la fatigue et à la colère.
Elle couru, elle feinta, revint sur ses pas pour brouiller les pistes, perdit ses poursuivants en suivant des ruisseaux, elle usa et abusa de toute la ruse que lui donnait sa vieille expérience.
Le soleil déclinait derrière la montagne quand le moment inéluctable qu’elle n’avait pu que retarder survint. Elle était cernée, au pied de la falaise, elle n’avait plus aucun espoir de fuite. Elle grognait sourdement.
Les hommes la tenaient en joue, quand l’un d’eux se détacha du groupe, les exhortant au calme.
- Laissez moi faire, je vais la maîtriser leur dit-il.
Il s’approcha avec précaution, avec lenteur de l’animal blessé. Il avait, à la main gauche, un filet et un fouet dans la droite. Il prononçait à l’adresse de la bête, des paroles douces et réconfortantes, tout en s’avançant de plus en plus. La lionne, dos au mur, feulait doucement.
Mais que croyait-il ce pantin ridicule ? Qu’elle avait lutté pendant toutes ces heures pour se coucher sur le dos et s’uriner sur le ventre en signe de soumission ? Quelle sottise ! Quelle naïveté !
Soudain une énorme patte aux griffes acérées jaillit avec une force et une vitesse inattendue et arracha, du visage de l’homme, son sourire charmeur. Portant ses mains à ses blessures, l’homme poussa un terrible hurlement et les coups de feu, un, deux, dix, éclatèrent.
Elle s’effondra, mais avait eu le temps de voir derrière les chasseurs, arriver, avec le silence félin qui est le propre de sa race, les crinières flamboyantes de son clan. La vieille lionne irascible pouvait se lancer pour sa dernière course, elle serait vengée.
Dernière édition par Flamme le Dim 9 Aoû - 16:33, édité 5 fois | |
| | | Flamme Admin
Nombre de messages : 332 Age : 63 Date d'inscription : 13/02/2009
| Sujet: Re: La traque .. Dim 9 Aoû - 16:21 | |
| Tout se passa en un instant.
Les hurlements des hommes répondant au terrible rugissement du grand mâle qui donna le signal de l’assaut furent couverts par la fureur du clan.
Un coup de feu résonna et un lion fut fauché dans son élan mais le chasseur n’eut pas le temps de recharger son arme qu’un éclair roux avait surgi et la gueule d’une jeune lionne se referma sur son épaule, d’un mouvement sec de la tête, elle arracha le bras qui retomba plusieurs mètres plus loin.
Les lions avaient attaqué en meute, en force et en puissance, des hommes surpris, impuissant et terrorisés. Scène d’horreur macabre où les griffes énormes avaient semé la mort dans des gerbes de sang, parcelles de tissu et de chair mélangées jaillissant alors que la vie fuyait.
Quand l’animale sauvagerie cessa, il ne restait plus que des rugissements de victoire dont l’écho ricochant sur la falaise laissait un sentiment d’irréalité qu’accentuaient les rougeoiements du soleil couchant. Les corps disloqués des hommes jonchaient le sol et leurs membres avaient pris des positions improbables les faisant ressembler à des pantins désarticulés. On entendait au loin, déjà, le hurlement des hyènes attirées par l’odeur du sang qui attendraient impatientes que le clan s’éloigne pour venir prélever leur part de butin.
Au milieu du charnier, parfaitement immobile, aux aguets, se tenait une jeune lionne qui avait, par ce jour d’été, tué plus d’hommes qu’elle n’en avait vu de toute son existence. Ses yeux d’ambre balayaient la plaine, en attente du danger, elle restait sur ses gardes et on voyait frissonner sa puissante musculature sous sa fourrure brillant des éclats des derniers rayons du soleil. Quand elle fut assurée qu’il n’y avait plus aucun danger, elle respira enfin et s’approcha du cadavre de l’ancienne. Humant la mort, elle recula.
Elle regarda son clan de grands fauves allongés léchant leurs blessures, encore bercés de triomphe.
La lionne était soucieuse. Elle savait que les hommes reviendraient encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul lionceau dans la meute, qu’ils les traqueraient sans relâche, ne leur laissant aucun répit, aucun espoir.
Elle sentait que le territoire de chasse qu’elle avait toujours connu deviendrait un enfer et grogna de dépit face à ce simulacre de victoire.
La survie du clan résidait dans la fuite, c’était une évidence, mais la suivraient-ils comme ils avaient suivi l’ancienne ?
De deux longues enjambées, elle s’éloigna du groupe et se retourna pour voir si les autres lions avaient ou non décidé de l’accompagner.
Aucun n’avait bougé et leur apparente tranquillité contrastait étrangement avec la férocité du combat qui avait précédé. La jeune lionne émis un grognement sourd venant du fond de sa gorge, presqu’un ronronnement. Trois grands mâles se levèrent avec lenteur et vinrent la rejoindre. Son cœur battit plus vite.
Deux enjambées de plus et elle se retourna à nouveau. Le clan suivait et la fuite allait pouvoir commencer.
Seul un lion au pelage tacheté qui léchait une plaie béante à son flanc ne bougea pas. Leurs regards se croisèrent et elle comprit, elle comprit que sa blessure ne lui permettrait pas de suivre le rythme de la course et qu’il avait choisi de rester là, pour tromper les chasseurs, pour couvrir leur fuite, pour le clan. Il se leva et partit dans la direction opposée.
La course rapide des lions, éclairée par les lueurs d’une lune blafarde, soulevant des nuages de poussière tourbillonnant dans la nuit estivale, ne dura que quelques heures et la fatigue se faisant sentir, ils durent ralentir. L’instinct de survie rivé au corps, ils ne s’arrêtèrent pourtant pas, effrayant quelques troupeaux de gazelles qui détalaient dans le bruit de tonnerre de leurs sabots sur le sol aride. A bout de force, un lionceau trébucha et s’étala sur le sol poussiéreux avec un couinement rageur. La jeune lionne, attentive, revînt sur ses pas et saisit le petit par la peau du cou dans son énorme gueule et la fuite continua ainsi jusqu’au levé du jour.
Au matin ils étaient arrivés sur les contreforts d’une montagne dont les cimes de pierre rouge prenaient une teinte irisée sous les premières lueurs de l’aube.
Un grognement. Un lion était couché sur une large terrasse rocheuse, un peu au dessus d’eux. Seraient-ils arrivés sur le territoire d’un autre clan ?
Malgré la fatigue, le clan était déjà sur la défensive, quand un des lions les plus anciens se détacha du groupe pour se diriger vers la bête couchée qui les observait de son promontoire.
Tous retenaient leur souffle. Les deux animaux se reniflèrent pendant des instants qui parurent des minutes. Puis, tout d’un coup, l’ambiance se détendit. Les deux lions s’étaient reconnus. Le lion des montagnes rouges se leva et disparu dans une excavation, celui du clan le suivit non sans jeter un regard en arrière. La meute s’engagea donc dans le tunnel qui, de temps en temps s’évasait sur de larges grottes scintillantes de quartz. Au bout de deux heures de marche, ils aperçurent enfin, au bout du tunnel, la lueur du jour ….. | |
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