Une petite lumiere au fond de ma nuit

Je me réveillais en sursaut. C'était un cauchemar !
Mais non ....La réalité s'imposait encore à moi, les murs suintant d'humidité de mon cachot, la lucarne haute d'où j'apercevais quelques étoiles au travers des nuages et la souffrance, présente dans ma tête, présente dans mon cœur concourrait à mon désespoir, à ma déchéance et au dégout de moi même.

Comment être tombé si bas ?
Suis-je un fils si méprisable que mon père m'ait désavoué ? Suis-je un homme si vil que la femme que j'aimais m'ait préféré un autre ? Suis-je un Prince si bas que l'ennemi m'ait enfermé dans ce cul de basse fausse ?

La vie m'avait tout promis mais je n'ai su saisir que la désespérance et aujourd'hui je n'attends plus que la mort.

Des larmes coulèrent de mes yeux et bientôt des sanglots les accompagnèrent des heures durant sans pouvoir s'arrêter.

Soudain je l'entendis.
Cette voix de femme douce et grave qui fredonnait un chant lent et sensuel dans une langue que je ne connaissais pas, chaude et exotique.
Elle parvenait de la cellule voisine et elle calma peu à peu mes pleurs.
Je m'endormis enfin retrouvant quelque sérénité dans un pesant sommeil.

Chaque nuit cette voix revint repousser mon angoisse et inventer des lendemains à une existence qui n'en avait plus.

Puis, plus tard, des mots vinrent répondre aux miens, rares d'abord mais chaleureux, j'avais trouvé la lumière au fond de ma nuit.

Nous n'existâmes plus que l'un pour l'autre, je redevenais un roi et elle était ma déesse, mon amour, ma femme, ma vie.
Les jours qui s'écoulaient reconstruisaient mon cœur et le courage me revenait pour trouver la force de sortir de cette incarcération, la liberté m'appelait à nouveau et je voulais vivre avec elle et pour elle.

C'est dans les premières lueurs du jour que je fus réveillé par le bruit de lourdes clés sur la porte de la cellule voisine et une brusque angoisse me fit bondir vers la grille de ma propre geôle.
Qu'allaient faire les gardiens ? La faire sortir ? Mon cœur battait la chamade ! Où allaient-ils l'emmener ? J'allais la voir ... enfin !!

Mon hurlement de douleur retentit dans toute la sombre forteresse.
Le corps qui était allongé sur le brancard transporté par les gardiens était recouvert d'un drap sale, seules en dépassaient une longue main ridée et une mèche de cheveux blancs.

Huit mois plus tard, lorsque les ambassadeurs de mon père négocièrent enfin ma sortie des geôles de la Matriarche Gaïa, j'étais un homme usé, trop vite vieillit mais j'avais dans mon cœur et pour toute ma vie une petite lumière au fond de ma nuit.