Le temple d'Isthar
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Le temple d'Isthar

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 (Parenthése)

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Flamme
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MessageSujet: (Parenthése)   (Parenthése) Icon_minitimeDim 25 Oct - 15:40

(PARENTHESE)


(Parenthése) Voie10

La voie ferrée sinuait à flanc de montagne et insensiblement, gravissant la pente douce le train prenait de l’altitude.
Dans le ciel clair, le vent du soir poussait paresseusement de gros cumulus neigeux.

Ce train semblait sortit de temps anciens avec ses sièges élégants dont le cuir rouge usé luisait doucement sous la lumière tamisée de loupiotes au charme désuet.
Le léger tangage et le bruit régulier des roulements berçaient les quelques passagers silencieux.

Lorsque j’étais montée dans le wagon, une jeune femme était déjà là.
Elle s’était allongée sur une banquette et dormait à poings fermés, son sac de voyage en guise d’oreiller.
L’homme qui me suivait s’était installé au fond, il avait ouvert un ordinateur et fixé des écouteurs à ses oreilles. Il se plongea immédiatement dans la contemplation de l’écran où défilaient des images colorées.

A la gare suivante, un jeune homme nous rejoint.
Il examina le wagon de son regard mobile et vint s’assoir sur la banquette qui était face à moi.
Il sortit de son sac à dos un épais livre un peu usé et passa la main sur la couverture comme on salue un vieil ami.
Il l’ouvrit mais bien vite son regard brun alla se perdre dans le défilement du paysage montagneux.
Son front appuyé contre la vitre où son souffle dessinait une légère buée, il réfléchissait, il pensait ou peut être rêvait-il.

On pourra me trouver curieuse et même impolie, mais je ne pouvais m’empêcher de l’examiner du coin de l’œil.
Les expressions de son visage semblaient suivre le cours de ses pensées.
C’est ainsi que je vis une foule de sentiments traverser ses traits.

Tant de choses devaient se bousculer dans la tête d’un si jeune homme, à peine sorti de l’enfance, il vivait la charnière de deux mondes et tantôt son regard s’illuminait d’un émerveillement que seule l’insouciance dispense et dans l’instant suivant un froncement de sourcils trahissait les préoccupations de l’adulte.

Je souris intérieurement.
Ce jeune homme pourrait être mon fils et il traversait un âge qui avait la réputation d’être le plus beau de la vie, mais de cela, je n’étais pas sure.
Si je pouvais y revenir le ferai-je ?
Une réponse négative s’imposa à moi.

Je me livrai à ma discrète observation depuis une petite demi-heure quand une expression du garçon m’émût plus que toute autre.
J’avais reconnu cette crispation, les coins de ses lèvres soudain plus bas, ses yeux levés vers un ciel dont on ne peut rien attendre, c’était de la douleur, une douleur intense qui le conduisait presqu’aux larmes.

Mon cœur se serra et je fis une chose que ni les conventions ni les usages ordinairement ne permettent.
Je me penchais vers lui et posais ma main sur son bras.

- Ça ne va pas ?

Son regard étonné se posa sur moi comme s’il découvrait ma présence. Il sourit néanmoins et me répondit, je suis blasé ….

(Parenthése) Garaon10


Dernière édition par Flamme le Ven 10 Sep - 11:10, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: (Parenthése)   (Parenthése) Icon_minitimeJeu 29 Oct - 9:00

Peu à peu, le train ralentit et s’arrêta en rase campagne avec un long gémissement plaintif.
J’échangeais un regard étonné avec le garçon qui afficha une petite moue fataliste et sortit de son sac un MP3, les écouteurs sur les oreilles, il s’allongea sur la banquette et ferma les yeux, s’enivrant de décibels dont les basses arrivaient jusqu’à moi.

Cet incident ne me gênait pas plus qu’à lui, personne ne m’attendait.

Je sortis l’éternel calepin de cuir noir qui ne me quittait jamais et commençais à prendre quelques notes.
C’était une vieille habitude née du passé, de jeter quelques phrases, quelques mots, dans ce carnet pour garder les impressions d’une situation, d’un lieu, d’une rencontre. J’aimais à penser que chaque instant de la vie était un trésor fugace qui n’avait d’éclat qu’enchâssé à des mots.

Je n’avais noirci qu’une ou deux pages de ma petite écriture serrée quand la jeune femme qui jusque là avait dormi, se réveilla brusquement révélant des yeux bleus encore ensommeillés.

Le train est arrêté ! Nous sommes arrivés ? demanda-t-elle.

Non, répondis-je, nous sommes arrêté en rase campagne depuis un quart d’heure environ, probablement un problème technique.

Ses sourcils se froncèrent exprimant la contrariété que lui apportait cette nouvelle.
Elle se mit à fouiller avec vigueur dans son sac à main qui semblait contenir un invraisemblable bric-à-brac pour en extirper enfin un téléphone portable.
Elle composa un numéro et porta l’appareil à son oreille.
Après quelques secondes d’attente elle s’exclama Merde ! Ça passe pas !
Le mien non plus ne passe pas dit l’homme qui était installé au fond du wagon.

Cela n’avait rien d’étonnant, la voie ferrée cheminait depuis la dernière gare entre la falaise abrupte et une épaisse forêt de sapins aux ramures sombres et denses.

Patientons un peu reprit l’homme, un employé de la SNCF va bien finir par passer pour nous donner des informations.

J’avais envie d’un café et j’avais également envie d’avoir quelques nouvelles sur la situation, je dois bien l’avouer.
Je pris donc mon sac pour rejoindre le wagon restaurant qui se situait traditionnellement en milieu de rame.
Remontant les wagons les uns après les autres, je ne rencontrais pas âme qui vive, pas d’employé, pas de voyageur, des wagons vides ….
Le train avait-il été évacué ? Nous aurait-on oublié ?

J’arrivais enfin au wagon restaurant qui était aussi vide que le reste du train.
Je ne pensais pas que de tels lieux existaient encore sur les lignes modernes !
Il y avait ici un parfum d’Orient Express qui nous transportait à une autre époque.
Au centre trônait un comptoir chromé rutilant derrière lequel étaient alignées des bouteilles des alcools les plus variés de part et d’autre d’un percolateur.
Devant chaque fenêtre parée de rideau de velours rouge, des tables de marbre étaient desservies par des banquettes de cuir aux accoudoirs de bois ouvragés.

Il y a quelqu’un ?

Pas de réponse.
Mon envie de café étant plus forte que ma bonne éducation, je passais derrière le comptoir pour mettre le percolateur en marche et, bientôt, le liquide sombre, mousseux et odorant coulait dans une élégante tasse de porcelaine blanche.
Je laissais néanmoins deux euro dans une coupelle car il ne serait pas dit que j’aurais volé un café à la SNCF !

Assise à l’une des tables de marbre sombre, alors que je me préparais à déguster ma boisson, je vis soudain un objet parfaitement incongru à notre époque.
Posé au centre de la table, il y avait un cendrier ! Un cendrier de cristal lourd, élégant, objet de luxe aujourd’hui disparu de tous les lieux publics.
N’en étant plus à un acte de délinquance près, je sortis de mon sac un paquet de cigarettes et j’en allumais une que je fumais avec délectation dans ce décor insolite.

Quand je revins au wagon où j’avais laissé mes compagnons de route je leur annonçais la consternante nouvelle : Nous sommes seuls dans ce train !

Après quelques secondes de stupéfaction, la jeune femme et l’homme à l’ordinateur ne voulurent pas y croire, le garçon quant à lui dormait sur la banquette. Ils partirent donc derechef en expédition pour fouiller chaque recoin du train.

La nuit n’allait pas tarder à tomber et les rayons rougeoyant du coucher de soleil scintillaient au dessus de la cime des sapins.

Ils pourraient bien prendre le problème par n’importe quel bout, je ne savais ni pourquoi ni comment mais nous étions coincés là, au milieu de nulle part, pour un bon moment. Je n’étais pas du genre à paniquer ou à imaginer le pire mais la situation me semblait tout de même confuse. Il y avait quelque chose de curieux dans le fait de se retrouver là avec trois parfaits inconnus, coupés du monde, comme entre parenthèses dans le train de la vie.

Ils revinrent une vingtaine de minutes plus tard dépités de n’avoir pu trouver personne eux non plus. Et l’attente commença. Qu’attendions-nous au juste ? Des secours ? Des informations ? Un contact ? Ou tout simplement que l’un d’entre nous brise le silence ?

J’ai faim !

Le jeune homme venait de se réveiller.


(Parenthése) Atmosp11
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MessageSujet: Re: (Parenthése)   (Parenthése) Icon_minitimeJeu 1 Juil - 13:23

Après quelques secondes de stupéfaction, la jeune femme et l’homme à l’ordinateur ne voulurent pas y croire, le garçon quant à lui dormait sur la banquette.
Ils partirent donc derechef en expédition pour fouiller chaque recoin du train.

La nuit n’allait pas tarder à tomber et les rayons rougeoyant du soleil couchant s'éteignaient lentement au dessus de la cime des sapins.

Ils pourraient bien prendre le problème par n’importe quel bout, je ne savais ni pourquoi ni comment mais nous étions coincés là, au milieu de nulle part et pour un bon moment.
Je n’étais pas du genre à paniquer ou à imaginer le pire mais la situation me semblait tout de même confuse.
Il y avait quelque chose de curieux dans le fait de se retrouver là avec trois parfaits inconnus, coupés du monde, comme entre parenthèses dans le train de la vie.

Ils revinrent une vingtaine de minutes plus tard dépités de n’avoir pu trouver personne eux non plus.
Et l’attente commença.
Qu’attendions-nous au juste ? Des secours ? Des informations ? Un contact ? Ou tout simplement que l’un d’entre nous brise le silence ?

J’ai faim !

Le jeune homme venait de se réveiller.
Heureuse qu’il ait interrompu la lourdeur de ce silence qui plombait une atmosphère déjà tendue, je l’entrainais vers le wagon restaurant.
Sans s’étonner de l’étrangeté du lieu, il contourna le comptoir et ouvrit les compartiments frigorifiques bas qui s’y trouvaient. Il en extirpa un sandwich triangulaire emmailloté dans du papier cellophane et avec un sourire d’intense satisfaction, il en sortit deux bières qu’il posa sur la table devant nous.
Il mordit dans l’ignoble sandwich d’où dépassait une feuille de salade à la fraicheur douteuse et ouvrit les bouteilles à l’aide d’un briquet.

Comment tu t’appelles ?
Nicolas et toi ?
Christine …

Je souris à ce tutoiement inusité entre un jeune garçon et une femme de mon âge mais ne le pris pas comme un manque de respect mais plutôt par un désir de sa part de ne pas créer trop de distance.

T’as des gosses ?
Oui, deux filles. L’une est prof de russe en région parisienne et l’autre vit aux Etats-Unis depuis bientôt deux ans.
Ha ok et t’es mariée ?
Je l’ai été … répondis-je en me levant pour décrocher du présentoir un petit paquet de cacahuètes que je renversais dans l’une des coupelles laissées à cet effet à proximité.
La posant sur la table, je demandais et toi ? Qu’est ce que tu fais dans la vie ?
Je suis étudiant mais là c’est les vac !

Je n’avais pas bu de bière depuis de nombreuses années et en tout cas ce qui était sur c’est que je ne l’avais jamais consommé que dans un verre. La dégustant « au goulot » pour la première fois je sentis l’agréable pétillant du liquide ambrée me monter rapidement à la tête.

Alors comme ça on est seuls dans ce train coincés, comme des cons, dans le trou du cul du monde ? Reprit le garçon.
Il semblerait oui.

Il éclata de rire.

Et tu vas voir que cette nuit pendant notre sommeil nous serons attaqués par une armée de goules hargneuses que nous entendrons hurler pendant des heures nous plongeant dans la terreur, on sursautera au bruit mécanique des pas des morts-vivants arpentant les coursives et enfin nous serons capturés par une horde de vampires qui nous sucera le sang jusqu’à nous laisser exsangues et demain on nous retrouvera tous morts !

Je le regardais d’un air dubitatif, ce à quoi il opposa une curieuse petite grimace qui semblait vouloir excuser sa facétieuse diatribe.

Il se leva pour aller chercher une autre bière et nos deux compagnons d’infortune entrèrent, à leur tour, dans le luxueux wagon.

Le jeune homme sortit deux bouteilles supplémentaires.

Bon ! Moi c’est Nico, elle c’est Christine et vous ?
Arnaud, répondit l’homme d’une trentaine d’années qui n’avait pas quitté son ordinateur.
Moi c’est Val, Valérie, lâcha avec réticence la jeune femme.


(Parenthése) Mains10


Arnaud vint s’assoir avec nous tandis que Valérie s’installa à une table voisine.
Elle composa un numéro de téléphone pour la centième fois et pour la centième fois aussi constata qu’il n’y avait pas de réseau.
Elle posa le téléphone sur la table, ses mains à plat, de part et d’autre, comme si elle tremblait de ne pas être assez rapide si d’aventure, il se mettait à sonner.
L’agacement et la panique avaient cédé la place à ce qui ressemblait fort à de l’abattement. Elle ne luttait plus, elle s’était résignée.

Arnaud, lui aussi, s’était saisi d’un sandwich dans lequel il mordait sans conviction.
Habillé de façon décontractée, ses vêtements respiraient néanmoins les grandes marques et ce n’était pas la Rolex qu’il portait au poignet qui venait contredire mon observation.

Il nous expliqua qu’il était courtier en bourse et qu’il gérait un important portefeuille d’actions. Si le train ne repartait pas rapidement cela pourrait être extrêmement néfaste à son négoce car il devait être constamment à l’affut des informations économiques et boursières afin de garantir les intérêts de ses clients.

Il avait un physique, somme toute, assez ordinaire, mince et de taille moyenne, ses cheveux châtains coupés courts affichaient une implantation haute sur son front large.
Seuls ses petits yeux gris rendaient l’ensemble assez remarquable. Ils pétillaient d’intelligence et exprimaient de la détermination et une volonté sans faille.
Ils s’animaient quand Arnaud évoquait son travail dont on comprenait très vite qu’il était le centre de sa vie.

Ce regard se portait d’ailleurs régulièrement sur la jeune femme assise à la table voisine et observant le sourire un peu narquois de Nicolas, je compris que je n’étais pas la seule à l’avoir remarqué.

Il est vrai qu’il émanait de Valérie quelque chose de magnétique, une aura que ni son angoisse ni sa froideur ne parvenait à éteindre.
On ne pouvait pas dire qu’elle était belle, un nez un peu trop droit, des lèvres un peu trop fines mais elle rayonnait d’un feu intérieur qui ne pouvait laisser indifférent, une énergie sensuelle semblait la mouvoir. Son regard bleu perdu dans la nuit immobile, la position de ses mains sur la table, le blond foncé de ses cheveux contrastant avec son teint halé de fille du sud, son genoux gainé de jean appuyé sur le rebord, tout concourraient à la rendre fascinante sans que l’on ne sache très bien dire pourquoi.

- Qu’est ce que tu fais comme études demanda Arnaud à Nicolas.
- Dentaire répondit-il laconiquement.
- Ce sont de bonnes études conclut Arnaud sans réussir à nous persuader qu’il trouvait intéressant de passer sa vie à examiner des cavités buccales.
- Mon père a un cabinet dentaire à Bourges et je devrai prendre la suite précisa Nicolas sans passion. Tel père, tel fils …

Je connaissais bien le problème et je me souvenais de la déception de Michel quand Johanna abandonna ses études d’architecture pour partir vivre à New-York avec un jeune reporter rencontré à la Gay Pride.
Il avait toujours pensé qu’elle lui succéderait.
Elle lui ressemblait tant ! Brune comme lui, attestant ainsi de leurs origines italiennes, elle contrastait de façon saisissante avec la blonde Marien, sa cadette qui avait hérité de mon coté rêveur.

Depuis ce jour, Michel ne m’avait plus regardé qu’avec mépris me rendant responsable de la faille éducative qui avait consisté, pour moi, à élever mes filles en leur laissant penser qu’elles pourraient choisir leur vie. Je ne fut donc pas surprise quand, quelques mois plus tard, il quitta la maison pour aller « refaire sa vie » avec une jeune femme laissant la mienne en morceaux …

- Vous êtes marié ? Vous avez une famille ? Demandais-je à Arnaud pour alimenter la conversation.
- Divorcé et deux enfants, des jumeaux. Les contraintes de mon boulot ne font pas bon ménage avec la vie de famille et avec l’arrivée des jumeaux, le conte de fée a vite tourné au cauchemar.
- et depuis tu collectionnes les maîtresses, supposa Nico, un brin provocateur.
- Même pas répondit Arnaud avec un grand sourire
- Ne me dis pas que ton boulot est à ce point prenant qu’il ne te laisse même plus de place pour le sexe !
- Quand même pas ! Tu sais Nico moi je suis un type pragmatique, quand j’ai besoin de viande je vais chez le boucher, quand j’ai besoin de clopes je vais au bureau de tabac et quand j’ai besoin de sexe je vais aux putes, elles n’ont que des avantages, elles viennent quand j’en ai envie et ont le tact ne n’attendre de moi, le lendemain matin, que quelques billets.

Nico le regardait, d’un air dubitatif et moi, gênée par le caractère cru de cet aveu, je baissais les yeux pour m’abîmer dans la contemplation de la coupelle de cacahuètes.

C’est alors que la voix un peu grave de Valérie résonna dans le wagon.
- Il neige …
- Impossible ! répondit vivement Nico, On est en été !
- Hé bien il neige quand même insista Valérie d’un ton lugubre.

En effet, de lourds flocons, de plus en plus nombreux, s’écrasaient mollement sur les vitres du train …


(Parenthése) La-nei10




Tandis que nous ne tarissions pas de considérations diverses sur l’étrangeté de cette tempête de neige surgissant brusquement au milieu du mois d’août, qui rajoutait encore plus de mystère à notre curieuse solitude en nous enfermant dans un cocon ouaté, Valérie, toujours aussi taciturne sortit de son sac une photo un peu froissée.
Elle la caressa du regard et je lus dans ses yeux l’expression d’un amour sans égal.
C’était le portrait d’un jeune homme, veste sombre, chemise blanche, sa chevelure brune et courte laissait néanmoins s’échapper une mèche de cheveux rebelle sur son front. On lisait de la tendresse dans son regard et sa bouche s’étirait en un sourire qui ne parvenait pas à masquer une certaine mélancolie.

Vincent, Vincent, Vincent,
Si tu savais à quel point je m’en veux d’avoir briser ton rêve …
Tu voulais que pour nous tout soit toujours parfait, mais cette perfection je ne pouvais m’en montrer digne car avant de te connaitre j’avais déjà existé et ces « premières fois » que tu voulais que nous découvrions ensemble, je les avais déjà vécu, sans toi … j’ai tout brisé!

Tout, nous avons tout eu, le destin nous a tout donné, tout offert, tout infligé et tout repris.

De l’élégance d’une rencontre aux premiers frissons d’une passion naissante, de l’excitation de l’extase à l’aridité de la solitude, des frémissements de l’espoir à la chaleur des retrouvailles, nous avons tout vécu.

Reste vivace en moi le souvenir de ce premier contact. Quand l’amour se présente, il ne se pose aucune question car d’emblée il est évidence. Nous l’avons su des les premières paroles, je savais que c’était toi et tu partageais mes certitudes.

C’est au sortir d’une première nuit qui nous avait laissé abasourdis, pantelant mais heureux que nous avons construit la tour d’ivoire d’un bonheur sans partage, l’un pour l’autre, l’un par l’autre, l’un contre l’autre nous avons tourné le dos au monde imparfait qui nous entourait pour n’exister que pour nous même.

Les autres … Les autres, eux, n’étaient que les spectateurs ébahis de ce que l’amour laisse de traces sur l’apparence. Sans comprendre pourquoi ils ressentaient l’aura subtile d’un bonheur partagé, cette étrange force que donne le sentiment d’aimer et de l’être en retour et lorsque tu sentais sur toi le regard gourmand des femmes, celui des hommes m’effleurait flairant la sensualité.

Mais nous ne les remarquions même pas, subjugués que nous étions l’un par l’autre, vivant avec bonheur une grâce que nous pensions unique, qui ne pouvait que l’être tant elle était absolue.

Nous eûmes, nos fous rires, nous eûmes nos fantasmes, mais aussi nos colères qui explosaient, sanglantes, de nos caractères passionnés laissant sur nos cœurs des blessures amères bien vite oubliées dans des retours à nous qui arrachaient des larmes de soulagement, de tendresse et de joie.

Proches autant qu’on peut l’être, fusionnels, à la foi semblables et complémentaires, à se connaître mieux, nous nous offrîmes le luxe incroyable d’un amour impossible et ce que nous partagions prit de nouvelles teintes.

Les amours impossibles maintes fois sublimées arrêtent le temps, fixent l’espace et sculptent le destin sans y avoir de prise. Elles sont immobiles, immuables et nul ne peut les vaincre, rien ne peut les atteindre ni leur porter ombrage, mais elles sont une blessure qui jamais ne se ferme dans les cœurs amoureux.

C’est là que commence la longue, lente et lourde traversée du désert. Continuer à avancer sans le soutien de l’autre, exister comme un fantôme avec en soi un vide que rien ne peut combler, un vide qui résonne du souvenir d’un rire, de tant de mots d’amour envolés et perdus, c’est une chose difficile et on appelle l’oubli pour atténuer la douleur, mais jamais il ne vient.

Te revoir, te toucher, juste une fois encore, c’est un dernier bonheur qui m’est refusé coincée que je suis dans ce train maudit, assaillie par une incompréhensible neige, avec des gens que je ne connais pas … seule … seule avec ma douleur.


(Parenthése) Vincen10





Au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient, il me semblait que l’apparente décontraction d’Arnaud faisait place à de l’inquiétude.
Il jetait des regards de plus en plus fréquents à sa montre et son humeur badine fondait comme neige au soleil.
Notre conversation commençait à en pâtir et devenait tendue, forcée, elle me laissait une impression désagréable comme les soirs d’été qui précédent une nuit d’orage.

L’incompréhensible situation dans laquelle nous nous trouvions commencerait-elle à l’effrayer ?
Il est vrai qu’elle était un peu inquiétante et le calme avec lequel nous l’abordions Nicolas et moi relevait peut être de l’inconscience.

Arnaud se leva et passa derrière le comptoir pour se servir un verre d’eau.
Il sortit de sa poche une petite boite dans laquelle il prit deux comprimés qu’il avala avant de boire et revint s’assoir auprès de nous.

Cette situation est bien ennuyeuse dis-je pour relancer un semblant de conversation.

Ennuyeuse !! S’exclama Arnaud, elle est catastrophique !!

C’est une panne hein, on va pas en faire une histoire lui répondit Nicolas, ils vont bien finir par la réparer, poireauter ici ou ailleurs moi ça m’est égal.

Arnaud se mit alors dans une colère terrible.

Je m’en fous de leur panne !! Qu’ils la réparent c’est leur job !
Tu n’en as rien à faire d’attendre toi et bien ce n’est pas mon cas !
Je ne suis pas un étudiant en balade moi !
Je voyage pour mes affaires et je n’ai pas payé un billet en première classe pour rester planter toute la nuit au milieu de nulle part !

Son visage agité de rictus avait pris une teinte pourpre et ses yeux exorbités jetaient des éclairs noirs.

Vous n’avez pas l’air de vous rendre compte que chaque minute que je passe ici fait perdre de l’argent à mes clients et à ma société … mais qu’ils ne se fassent aucune illusion, je les trainerai devant la justice et ils verront de quel bois je me chauffe cette bande de fainéants !
Ça ne doit quand même pas être si compliqué que ça de faire rouler des trains !

Il ponctua sa phrase d’un violent coup de poing sur la table, un verre se renversa.

J’étais abasourdie par cet éclat auquel nous ne nous attendions pas, même Valérie avait l’air d’être sortie de sa torpeur.

Oui mais maintenant tu te calmes ! On est tous emmerdés et nous avons tous de bonnes raisons pour cela.
On a pas besoin d’un golden boy qui pète un câble, pigé ?

La voix de Valérie, que nous n’avions pratiquement jamais entendue, s’était élevée, métallique, dans le wagon maintenant silencieux.

Cette intervention eut l’effet d’une douche froide sur Arnaud, ses épaules s’affaissèrent et ses yeux retrouvèrent une expression plus douce.

Excusez moi dit-il, je suis désolé, j’ai perdu mon sang froid.
Mais il faut me comprendre, dans mon job les fortunes se font et se défont en une minute, sur un ordre d’achat ou de vente du courtier …. Et le courtier est ici dans l’impossibilité de communiquer.

J’ai marné pour arriver où je suis, mes parents étaient de petits employés aux fins de mois difficiles, j’ai énormément travaillé pour sortir de là, pour avoir ma position sociale actuelle j’ai fait tous les sacrifices.
Je ne les vois pas souvent mais j’ai pu leur payer leur rêve, un petit pavillon en banlieue.
Mon ex femme n’a jamais pu comprendre que ce qui autorisait son train de vie c’était mon travail acharné et que si je m’y adonnais souvent le soir et aussi quelquefois les weekends c’était pour assurer notre avenir et c’est grâce à ça que je peux aujourd’hui lui servir une pension alimentaire qui lui permet d’élever les jumeaux dans l’aisance sans avoir à travailler.
Je bosse comme un damné, je ne compte pas mes heures, ma passion est entière et mon travail c’est ma vie.
Si ce train ne se remet pas en marche rapidement je risque de tout perdre et ça me fait flipper.

Belle réussite approuva ironiquement Valérie, mais en attendant quand tu rentres chez toi le soir, tu es tout seul comme un con.

Je n’approuvais certes pas la brusquerie de Valérie mais elle avait sans doute mis le doigt sur le fond du problème d’Arnaud qui avalait goulument sa vie au travers de son métier sans regarder alentours et sans voir ceux qui l’aiment.
Combien de temps lui faudrait-il pour s’en rendre compte ? S’en rendrait-il compte un jour d’ailleurs ? ….

Arnaud ne répondit pas à Valérie mais annonça qu’il rejoignait le wagon pour essayer de dormir quelques heures.
La jeune femme, quant à elle, s’allongea sur la banquette et ferma les yeux.




Nicolas et moi nous retrouvâmes donc en tête à tête, la doyenne et le benjamin de cette curieuse équipée immobile.

Même si ce voyage en train était un peu particulier, il y avait des choses qui ne variaient pas.
C’est en fait une des rares occasions que l’on pouvait trouver dans notre monde d’individualisme de rencontrer des gens que rien dans le quotidien ne nous prédestinait à connaitre, des personnes avec lesquelles on ne partage rien d’autre qu’un déplacement.
Âge, style, classe sociale, goûts, préoccupations … tout diffère.

Souvent face à un inconnu que l’on ne reverra jamais on éprouve le besoin, on trouve enfin le courage de parler, de se raconter, de vider son cœur.
C’est ce que fit Nicolas lors ce tête à tête incongru.

D’abord avec une timidité qu’on ne lui soupçonnait guère puis, de plus en plus franchement, il me raconta sa jeune vie et révéla les questionnements qui se cachaient sous son sourire, les blessures dissimulées derrière son humour un peu caustique mais pourquoi en être surprise ? Ne faut-il pas contenir de la souffrance pour produire de l’humour ?

Il était né à Bourges, enfant unique d’un couple vieillissant qui n’en espérait plus.
Élevé dans l’aisance, il avait néanmoins reçu une éducation rigoureuse aux accents de bourgeoisie catholique.
Il avait longtemps été un enfant un peu rêveur, facile à vivre et se pliant volontiers à la norme, couvé par sa mère qui lui vouait une attention soutenue et une affection sans faille.
Son père était un personnage plus lointain et plus froid, le symbole même d’une autorité incontestée, de la réussite sociale et des valeurs de ce monde aux yeux du petit garçon.
Des le départ la question était tranchée, il serait dentiste et prendrait la succession de son père au cabinet, il n’en avait jamais douté et d’ailleurs il l’avait toujours voulu.

Mais l’avait-il vraiment voulu ? C’est la question qui commença à s’ébaucher insidieusement au détour de l’adolescence.
Il fit des études scientifiques assez brillantes d’ailleurs même si ses gouts le portaient plus vers la littérature et suivi le chemin tracé pour lui.

Puis il y eut cette fille rencontrée pendant des vacances à La Baule et il tomba amoureux.
Une fois encore, il reconnu en elle les ferments de sa vie future et savait qu’elle serait une très élégante épouse de dentiste.
Certes, elle habitait loin et ils se voyaient peu mais les moments passés avec elle valaient largement les contraintes.
Il me raconta cette relation de deux ans basée sur une confiance indispensable quand on vit loin l’un de l’autre et que pour sa part il n’avait jamais trahi.
Il me raconta son effondrement, son chagrin, ses doutes quand elle le quitta pour un autre et la longue période de dépression qui s’en suivit.
Pour la première fois son chemin tout tracé rencontrait un obstacle et il commença à se rendre compte que la vie ne serait peut être pas ce qu’elle semblait devoir devenir.

C’est à cette période que, le voyant malheureux et isolé, sa mère l’encouragea à rejoindre une petite troupe de théâtre dont elle avait entendu parler.
C’est sans grande conviction qu’il accepta et probablement plus pour échapper à l’insistance de sa mère que par envie de faire du théâtre.
Ainsi, deux soirs par semaine il rejoignait un petit groupe de jeunes filles et de jeunes gens qui déclamaient des textes dans la bonne humeur et cette ambiance chaleureuse le sortit un peu de sa mélancolie.

Il se lia d’amitié avec Marco, un jeune homme d’origine italienne à l’accent chantant et la plaisanterie facile. Ils ne se quittaient plus et enchainaient ensemble des sorties plus arrosées les unes que les autres comme les plaisanteries de potaches qui amusaient tout le petit groupe.
Mais parmi ces baladins amateurs il y avait surtout Margot …

Grande, blonde et l’allure sportive Margot était avocat, tout juste la trentaine elle fascinait littéralement Nico et il y eut entre eux ce que l’on peut appeler un véritable coup de foudre.
Conscients du caractère délicat de la situation, ils s’aimèrent tout d’abord en secret mais les semaines passant ce secret fut de plus en plus lourd à porter.
Quand la troupe partie pour leur tournée de printemps, ils la suivirent, lui, laissant famille et études à Bourges et elle, son mari …

Ils passèrent cinq mois de nomades vivant leurs passions tant celle du théâtre que celle de leur amour fougueux et connurent des moments exceptionnels comme ils n’auraient jamais imaginé en vivre.
Mais les bonnes choses ont toujours une fin et un matin il reçut un coup de téléphone de son père lui annonçant qu’il lui coupait les vivres et que sa mère n’allait pas bien du tout. Il l’en rendait responsable.
« Reviens à la maison et reprends les choses là où tu les as laissé, c’est ta dernière chance. Si tu ne la saisis pas tu pourras nous oublier et finir sous les ponts à ta guise » lui avait dit son père.

Ces paroles l’avaient touché, effrayé même et il avait fini par se rendre à la raison.
Sa décision provoqua une terrible dispute avec Margot et des paroles fort dures furent dites, des paroles qu’il ne me livra pas mais qui l’avaient atteint aux plus profond de son être.

Tu vois Christine, je l’ai quitté parce que je l’aime et elle en a fait de même pour moi, on peut avoir du mal à l’accepter mais la raison est parfois aberrante. Je suis donc sur le retour, le retour vers ma grisaille et mon destin.

La douleur qu’exprimait son regard quand il me dit ces mots me serra la gorge.





Je fus réveillée de mon sommeil léger au petit matin par une secousse et j’ouvris immédiatement les yeux.
Je ne m’étais pas trompée ! Le train était reparti !

Nicolas s’était endormi la tête sur la table dans le berceau de ses bras, les joues striées de larmes.

Nico ! Le train est reparti !

Valérie se dressa d’un bond pour se précipiter vers la vitre et s’assurer quelle ne rêvait pas.
Bientôt nous fûmes rejoints par Arnaud dont les traits tirés attestaient d’une nuit difficile.

Nous serons arrivés d’ici une petite heure dit-il à la fois soulagé de regagner son négoce et inquiet des mauvaises surprises qu’il allait peut être trouver.

Quant à moi, je suis un peu honteuse de le dire, un peu égoïste aussi mais j’étais presque déçue que le train reparte car après quelques heures d’intense intimité avec des inconnus j’allais regagner ma solitude, ma petite maison bien rangée, mon poste de télévision et mes livres.
Dans une heure, je prendrai le car à la gare et j’arriverai chez moi, je sortirai mes clefs et je rentrerai dans la maison vide. J’allumerai la télé pour avoir un fond sonore, puis comme chaque jour je m’assiérais à la table de la cuisine pour faire la liste des choses qui viendront occuper ma journée : passer l’aspirateur, aller acheter le pain et le journal, faire la grille de mots croisés de la dernière page, lire un livre, enlever la mauvaise herbe de la platebande de devant, envoyer un mail à Johanna, faire le repas, lire un livre …

Petit à petit nous sortions de la forêt et des maisons apparurent de plus en plus nombreuses, elles nous faisaient reprendre pied avec la réalité après ces longues heures qui nous avaient données l’impression étrange d’être hors du monde, entre parenthèses.
Nous ne parlions plus, nos yeux étaient rivés sur les indicateurs de vie extérieure, tout ce qui pouvait nous démontrer que le retour à la normale était maintenant inéluctable et notre train entra enfin en gare.

Nous étions prêts, nos bagages en main, devant la porte quand il s’arrêta enfin.

Une fois sur le quai nous vîmes avec stupéfaction les autres voyageurs descendre aussi de leurs wagons avec l’air hagard de ceux qui ont passé une nuit blanche, pestant du retard ou soulagés d’être enfin arrivés.

Nous n’avions échangé aucun mot mais nos regards, d’abord étonnés, reflétaient maintenant de l’angoisse.
Les voyageurs commençaient déjà à se diriger vers la sortie alors que nous étions tous les quatre plantés au milieu du quai tétanisés par l’inexplicable et effrayés comme nous ne l’avions jamais été.

Arnaud réagit le premier et se mit à courir vers la sortie vraisemblablement pour trouver le taxi qui le ramènerait vers ses tours et ses chiffres.
Un homme, un peu plus loin, habillé d’un costume des plus classiques semblait chercher quelqu’un parmi les voyageurs.
Nicolas me fit un clin d’œil ponctué par la petite grimace qui lui était caractéristique et se dirigea lentement vers lui, la tête basse et la démarche lente.

Bon .. euh .. salut
Sur ces mots Valérie à son tour prit le chemin de la sortie.
Je ramassais ma valise, les mains encore tremblantes et la tête pleine d’interrogations et moi aussi je partis.
Une fois installée dans mon car j’aperçus Valérie qui avait trouvé un taxi dont le chauffeur mettait son sac dans le coffre.


(Parenthése) Thumb_10

Vite Vite Vite se disait Valérie à l’arrière du taxi qui la conduisait vers la cote.
Vincent j’espère que tu m’auras attendu !
Quand il l’avait contacté la semaine dernière son cœur avait fait un bond, comme chaque fois.
Depuis leur rupture Vincent alternait des mois de silence avec des retours surprises et à chaque fois ils étaient incapables de se résister l’un à l’autre, leur fougue sensuelle prenait le pas sur la raison.
Puis, il disparaissait à nouveau pour quelques temps, la laissant dans l’aridité de l’attente, l’espoir déçu et dans une solitude que rien ni personne ne parvenait à combler.

Il lui avait donné rendez vous dans la maison de pêcheurs où ils s’étaient connus et où ils avaient vécu certains des meilleurs moments de leur passion dévorante.

La voiture suivait la petite route sinueuse qui approchait de la mer mais Valérie avait l’impression qu’elle roulait au ralenti et ses doigts tapotaient nerveusement son genou.
Rien dans le paysage, pourtant superbe, ne retenait son attention.
Seules comptaient les minutes qui la rapprochaient de Vincent.
Le chauffeur la déposa au bas du sentier et elle le remonta, son sac à l’épaule, en direction de la petite maison aux volets bleus. Le soleil encore haut dans le ciel illuminait les vagues qui s’écrasaient sur les rochers d’une scintillante iridescence.

Lorsqu’elle appuya sur la poignée de la porte elle constata que celle-ci était fermée à clé et une partie de ses espoirs s’envolèrent.
Mais elle voulait y croire encore et elle chercha fébrilement son propre jeu de clés au fond de son sac et ouvrit.

Vincent ! Vincent ?

Elle n’eut pas de réponse et en voyant une enveloppe posée au centre de la table, elle comprit qu’il n’avait pas attendu et des larmes coulèrent de ses yeux sans qu’aucun sanglot ne vienne.

D’une main hésitante elle prit l’enveloppe et l’ouvrit en tremblant.


Val, ma douce Val,

Je ne peux attendre plus longtemps, j’aurai pourtant tellement voulu te dire de vive voix ce que j’ai à te dire aujourd’hui … Mais peut être est ce mieux comme ça.
Je voulais que tu saches que je t’ai aimé passionnément et que je t’aime encore en cet instant profondément.
Tu es une personne merveilleuse et je voudrais tellement ne pas te faire souffrir mais quoique je fasse je vois bien que je te fais souffrir quand même.
Je pars pendant des mois pour te sortir de ma tête et de mon cœur sans y parvenir, je finis toujours par revenir, égoïstement, parce que je craque, que je n’y tiens plus et que j’ai besoin de toi et là encore je te fais une peine que tu ne mérites pas.

Je vis ça très mal et je sais que pour toi c’est la même chose.
Nous devons maintenant arriver à séparer nos routes pour pouvoir exister l’un sans l’autre puisqu’ensemble nous ne le pouvons pas.

Alors je vais te faire de la peine une fois de plus en espérant que ce sera la dernière.
Après cela, s'il te plait, brule nos photos, jette nos lettres, détruit nos mails et nos textos, efface mon numéro de téléphone, ne garde rien de nous ... je le ferais aussi.

Je vais mettre de la distance entre nous, je vais mettre des milliers de kilomètres qui préserveront ta vie comme la mienne. J’ai signé un contrat pour un chantier à l’étranger, c’est un chantier monumental qui me tiendra éloigné pour plusieurs années et je pars dans deux jours.

Mais surtout je voulais t’annoncer que je me suis marié le mois dernier et j’espère que tu me haïras pour cela et que ça te rendra nos adieux plus supportables.
Ce que je souhaite maintenant pour toi c’est que tu rencontres quelqu’un qui t’aimera comme tu le mérites et que tu trouveras enfin le bonheur puisque moi je ne peux pas te le donner.
Je te souhaite du bonheur du fond du cœur et n’oublie pas mon amour, la vie continue ….

Vincent


Oui, la vie continue … murmura-t-elle …

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MessageSujet: Re: (Parenthése)   (Parenthése) Icon_minitimeJeu 1 Juil - 13:26

COUPURES DE PRESSE


DRAME DE LA SOLITUDE

….. De nos jours de plus en plus de gens vivent dans une complète solitude, accidents de vie, rupture sociale, certains d’entre nous se retrouvent seuls, coupés des autres. C’est ainsi, qu’une femme d’une cinquantaine d’années, Christine G. a été retrouvée morte à son domicile samedi. Victime d’un malaise, elle n’a pu appeler des secours. Le décès a été signalé par des voisins incommodés par l’odeur, il date vraisemblablement de plus de huit jours …


UNE SITUATION INQUIÉTANTE

…. On oublie bien souvent que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, ceci est inquiétant surtout lorsqu’on sait que les statistiques ne prennent pas en compte les suicides maquillés en accidents. Ce drame est venu toucher la famille du Docteur S. En effet hier matin ce père a retrouvé son fils pendu dans son garage. D’après les parents rien ne laissait présager une telle issue, le jeune Nicolas, 20 ans, était un étudiant brillant et il était revenu de vacances la veille…


MORT D’UN TRADER

… Le courtier en bourse Arnaud C, 30 ans. a été retrouvé mort jeudi matin par sa secrétaire dans les locaux de sa société. Il avait passé la nuit à son bureau pour rattraper du travail en retard. Il a été victime d’une crise cardiaque. Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille…


RAPPORT DE GENDARMERIE

Mercredi à 14 h un corps sans vie a été signalé par un pêcheur en bas de la falaise des Mareuils. Il s’agissait d’une jeune femme de 25 ans Valérie B. Son identité a pu être rapidement établie par ses papiers d’identité retrouvés dans le sac qu’elle avait sur elle.
Il contenait également une lettre de rupture.
La jeune femme était mère d’un enfant de six ans dont la garde a été confiée au père par le juge des affaires familiales.
Suicide probable ….







Ou …

De : Christine
Envoyé : Mercredi 12 aout 13:24
À : Nico

Objet : Quelques nouvelles

Bonjour Nico
J’espère que ce mail te parviendra car je n’ai pas trop l’habitude de me servir de la messagerie et je fais souvent des bêtises *rires*
Quand je suis rentrée chez moi ce matin, je n’avais pas une seule bonne nouvelle mais deux !!
Tout d’abord j’avais un message de Johanna (ma fille qui habite New York). Elle est enceinte et réclame sa maman à ses cotés. Je vais donc m’envoler pour passer quelques mois aux Etats Unis. Moi qui n’ai presque jamais voyagé, j’en suis toute excitée !
(Mais cette fois ci … pas de train).
Et un bonheur n’arrive jamais seul ….
Je ne te l’avais pas dit mais j’aime écrire et il y a trois mois, je me suis jetée à l’eau et j’ai envoyé un manuscrit à une maison d’édition. En arrivant ce matin j’avais une réponse au courrier. Je vais être éditée !!!
J’espère que pour toi tout va bien, donne moi de tes nouvelles.

Bises
Christine




De : Nico
Envoyé : Jeudi 13 aout 23:45
À : Christine

Objet : Quelques nouvelles

Salut Smile

New York !!!! La chance !!!

Ça y est Christine, j’ai parlé à mon père.
Nous avons eu, hier soir, une conversation de deux heures. Je lui ai enfin dit que je ne voulais pas être dentiste et en définitive, il ne l’a aussi mal pris que ça. Il a été déçu bien sur, mais il accepte que je fasse mes propres choix. Tu te rends compte que j’ai failli gâcher ma vie pour un malentendu ? Il pensait que je voulais être dentiste et moi je pensais que je ne pouvais rien faire d’autre et c’était inexact.

Je pars, le mois prochain, à Paris faire une école des Arts du spectacle et je suis content.
Peut être même que je retrouverai Margot !

Bisous et bon voyage
Nico

PS : Quand ton livre sera publié, j’en veux un exemplaire dédicacé : à Nico, le plus grand acteur que la terre n’ait jamais porté Wink




De : Christine
Envoyé : 14 février 00:12
À : Nico

Objet : Quelques nouvelles

Hi Nico

Je suis enfin grand-mère, il s’appelle Paul et c’est le plus beau bébé du monde !!

Mais finalement je ne rentre pas en France car ici j’ai rencontré quelqu’un, enfin j’ai rencontré un homme qui me plait et je vais rester avec lui. Il est très gentil et nous nous entendons bien.
Donc si tu viens un jour aux States tu auras un pied à terre et tu seras toujours le bienvenu.
J’espère que tout va comme tu veux à Paris.

Kiss
Christine




De : Nico
Envoyé : 16 février 13:03
À : Christine

Objet : Quelques nouvelles

Yes Mamyyyyyyyyyyyyy ^^ tu prends du grade lol

Moi ça va Smile Je sais maintenant que j’ai trouvé ma voie et que je suis sur le chemin qui était fait pour moi. Je m’éclate !
J’ai décroché un petit rôle dans une pièce de théâtre, il faut bien commencer par quelque chose avant de révéler mon immense talent au monde mdr
La pièce sort à Paris en septembre et l’été prochain, une tournée est prévue dans toute la France.
Peut être l’occasion de retrouver Margot … après tout il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas :p

Bibi
Nico






Et ...



C’était un samedi après midi encore ensoleillé d’octobre et Valérie regardait les vitrines de la rue la plus commerçante du centre ville.

Elle avait passé des heures difficiles mais petit à petit elle sortait de sa déprime, il n’y a rien que le temps ne noie pas et il efface même les plus grandes peines. Bien sur, on n’oublie pas mais peu à peu on a moins mal et la vie redevient « vivable », le quotidien prend le dessus et on se surprend même à sourire.
Et puis il y avait Nathan, pour lui elle devait continuer à avancer. Il aurait bientôt sept ans et il avait besoin de sa maman.
Elle était perdue dans ses pensées quand elle se heurta à un homme, qui arrivait face à elle, sur le trottoir encombré de passants.

Ho pardon !
Arnaud ? !!
Hey Val, je ne pensais pas te revoir. Comment vas-tu ?
Très bien mentit-elle un maigre sourire aux lèvres.
Tu as un moment ? Je t’offre un café.

Valérie en fut étonnée. Mister golden boy, le type le plus pressé qu’elle avait rencontré de toute sa vie lui proposait de perdre quelques précieuses minutes pour boire un café !!
Elle accepta.
Il l’entraina vers les confortables sièges en rotin de la brasserie la plus proche et commanda deux cafés.

Je suis heureux de te revoir Val parce que je voulais te dire merci.
La jeune femme lui adressa un regard étonné. Il continua.
Tu sais lorsque nous sommes revenus de ce … curieux voyage, j’ai repris mon rythme effréné, mes affaires, mon bisness quoi, à fond la caisse comme d’habitude mais la nature est venue me rappeler que j’avais mes limites et j’ai fait un petit AVC.
Moi qui m’étais toujours senti invincible, j’ai commencé à me poser des questions. J’ai été obligé de lever le pied et d’accepter d’avoir des limites.

Puis le mois dernier j’ai perdu mon père et je me suis rendu compte que pendant toutes ces années, je l’avais négligé et que j’aurai pu profiter de sa présence mais que je n’avais pas eu la lucidité de le comprendre.
C’est à ce moment là que ta petite phrase m’est revenue « … et quand tu rentres chez toi le soir tu es tout seul comme un con »
Oui Val c’est exact, quand je rentre, le soir, chez moi je suis effectivement tout seul comme un con.
Et là, j’ai décidé de changer de vie.
Je suis en train de liquider mes actifs, pour moi c’est fini le monde de la finance.
Je veux pouvoir prendre du temps pour moi et pour ceux qui m’entourent, je ne veux plus rien regretter.
Cela me fait plaisir de pouvoir te remercier pour ça.

Quel revirement ! Valérie était à la fois surprise et amusée. Finalement l’étrange huis clos qu’ils avaient vécu dans le train aurait été bénéfique à quelqu’un !

Et toi ? Le type avec lequel tu avais rendez-vous ? Il t’a attendu ?
Non répondit-elle laconiquement.


De : Valérie
Envoyé : 20 Mars 10:30
À : Arnaud

Objet : Grande nouvelle
Bonjour Arnaud,

Je t’avais parlé de Julien, le kiné que j’avais rencontré pendant les vacances que j’avais prises dans le sud, peu après notre rencontre en octobre dernier ?
Hé bien c’est décidé nous allons nous marier !
J’irai vivre dans le sud auprès de lui dès le mois prochain et le mariage aura lieu en juin.
J’espère que tu pourras venir.
Je serai honnête, je n’ai pas pour lui la passion dévorante que j’ai eu pour Vincent mais je l’aime sincèrement et Nathan s’entend très bien avec lui. Il est attentionné, il ne me fait aucun mal et cette douceur de vivre, je l’avais oubliée.
Et de ton coté ? Quelles sont les nouvelles ?
Bises
Valérie.


De : Arnaud
Envoyé : 21 Mars 08:15
À : Valérie

Objet : Grande nouvelle

Félicitations Val !!!!!
Je ferai mon possible pour être présent, c’est promis.
Moi aussi j’ai de grandes nouvelles
J’ai repris la vie commune avec mon ex femme et nous avons déménagé.
On a quitté la ville pour s’installer dans une ferme en Normandie et je suis en train de la retaper.
Le trader s’est transformé en maçon, en électricien, en plombier ….
(Il est interdit de rire et de se moquer de moi
A bientôt Val et bonne chance
Arnaud





Il arrive quelquefois que la vie nous offre une parenthèse pour nous permettre de prendre du recul sur les choses et sur les gens mais aussi sur nous-même, pour démarrer une nouvelle vie ou tout simplement pour se préparer à la perdre...
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