Le temple d'Isthar
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Le temple d'Isthar

Ce forum a pour objet d'encourager l'écriture sans discrimination entre le Role Play (RP) et les formes d'écriture plus classiques.
 
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 Twisted

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Stringboy

Stringboy


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MessageSujet: Twisted   Twisted Icon_minitimeMar 22 Sep - 14:21

String est devenu un débauché. Depuis cet épisode il n'était plus le même. Elle l'avait changé.

Seul, assis dans un bar miteux de la capitale, il sirote ses états d'âmes devant un verre de whisky. Il l'a quitté. Rien d'étonnant à vrai dire; il avait prit l'habitude de ne pas s'attarder, de ne pas s'attacher. L'amour lui a toujours été un sentiment méconnu, il en avait peur. Néanmoins, il ne tentait pas de le fuir... String et ses nombreuses contradictions; en voilà une nouvelle illustration malheureuse de sa bêtise.

Souffrance. Étonnant comme ce mot revient, ponctuellement. Comme une ponctuation finale dans une histoire qu'il n'a pas encore laissé écrire. N'était-elle pas que le simple commencement en réalité ? Comme des maux à panser... comme des mots à penser mais qui refusent de se transformer en idée; mieux, en actions. Un besoin de se sentir aimer quasi inexistant, une capacité à aimer inexistante. L'amour ne peut se résumer à un cap. L'amour n'est pas un jeu. Difficile à admettre au final pour quelqu'un qui vit dans l'insouciance et dans l'égoïsme.

Mais c'est plus fort que lui. Il ne peut pas se permettre. Il ne peut pas permettre à quiconque de l'aimer. Attitude ridicule en somme. Comme s'il se sentait mieux dans l'aventure sans lendemain... sans se soumettre aux attentes, à ses attentes.
Entouré c'était ce qu'il souhaitait. Comme si le besoin de (se) sentir (avec) l'autre le pressait jusqu'à ce qu'il assouvisse cette pulsion. Pourtant, le temps ne l'aidait pas à supporter les autres. Contradictions toujours.


La nuit était avancée. L'unique néon situé au dessus du comptoir rendait l'endroit sinistre. Personne dans la pièce, le barman était dans l'arrière-salle devant les infos. Devant lui, deux tables, quatre chaises. D'un côté le mur, de l'autre le comptoir. Derrière lui une vieille estrade malpropre, envahie par les détritus. Après avoir finit son verre, il s'y dirigea, poussa deux ou trois vieux morceaux de cartons et y découvrit une vieille guitare. Il l'accorda, se rassit sur sa chaise, puis débuta



Enough said, the make-shift is a comfortable chair
Sit back and i'll tell you we're living in fear
And i don't know why you talk so rough
Why should i be not sure of my-self my intentions
They are cristal clear Iwanna pay my duty
To your daddy dear hold on to your decency
I'll make you whole and we'll be free

Isn't it always so ?
The story is unfold, at least
You got a different role
And now you gotta quit the scene

I favour your flavour
I'm confronting you, you stroke a bad patch
With the man who has you
And baby won't you consider me
I'll make you whole and you'll be free
And we're driving around nn a saturday night,
We're feeling alright, everything's in sight
And baby won't you consider me
I'll make you whole and we'll be free

Isn't it always so ?
The story is unfold, at least
You got a different role
And now you gotta quit the scene

Isn't it always so ?
The story is unfold, at least
You got a different role
And now you gotta quit the scene



A la fin de la chanson, le barman était accoudé sur son comptoir; d'un signe de la tête il fit mine d'acquiescer.

String se releva, posa la guitare et alla se rassoir. Quelque chose avait changé. Le barman avait beau être retourné devant son écran, String sentait une présence dans le bar. Dans le coin opposé en face de lui, une ombre s'avanca vers lui; lentement. Puis elle s'arrêta, de sorte que la lumière du néon n'éclaire que la moitié basse de sa silhouette.


Je ne rejouerais pas. Je suis désolé, vous pouvez repartir. Il n'y a rien à voir.

Enfin, elle s'avança. String leva les yeux en même temps que la lumière laissa apparaître le visage de la personne. Cette dernière vint s'assoir en face lui.

Que..

Elle mit son doigt devant sa bouche de telle sorte que, sans mot dire, elle lui fit comprendre qu'il ne devait pas parler. Le silence était de plomb. C'en suivit de longues minutes d'observation continue. Jusqu'à ce qu'une larme s'écrasant sur la table vint rompre l'échange muet. Elle baissa les yeux. Elle s'était trahit; rapidement la rougeur envahit son visage.

S'il te plaît.

Elle essuya les larmes qu'elle avait laissé s'échaper. En vain, de nouvelles apparûrent. String lui releva la tête d'un mouvement de la main puis baissa les yeux à son tour... le bleu humide et profond de son regard le déstabilisait à chaque fois.

Excuse-moi.

Relevant les yeux, il répondit

Pleures si tu en as besoin.

Durant un bref instant, leurs regards se croisèrent

Je t'avais prévenu que j'allais tout gâcher...

Elle se leva brusquement et lança violemment sa main contre la joue de String. L'impact résonna dans tout le bar, ce qui alerta le barman qui accouru dans la salle pour voir ce qu'il s'y passait.. Ce dernier voyant la scène repartit d'un pas lent. La tête de String, elle, était restée telle que la claque l'avait laissé : tournée face au mur.

Dis moi que tu m'aimes...
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:14

Les mots avaient été jetés, rebondissant dans la tête de String. Avec eux, toute l'appréhension du jeune homme ressurgissait et le pétrifiait.

Dis-moi-que-tu-m-aimes.

String n'osait pas relever son regard; rien que la pensée de devoir le soutenir face à ses yeux lui donnait la chair de poule. Un léger tremblement s'empara de lui.

Dis-moi-que-tu-m-aimes.

Un raz-de-marée de souvenirs, d'idées contradictoires, de peines, de bons moments, de sentiments l'avait soufflé. Impuissant. Les secondes paraissaient des minutes et les minutes paraissaient trop longues.


...

Excuse moi. Je tiens à toi.

Un léger sourire se dessina sur le visage de la jeune femme, faisant dériver les dernières larmes n'ayant pas finit de glisser sur ses joues. Puis, s'en allant lui annonça

Je dois y aller.

Attends...

Elle s'arrêta, se retourna.

...

Elle partit, lui jetant un dernier regard désolé.



Le barman était revenu à sa position initiale, repût de toutes ces informations qui ne sont importantes que pour ceux qui n'ont pas mal au coeur, mal à l'âme. String posa son regard sur cet homme, se plongeant dans les rides de ce visage fatigué. Celui-ci sortit une bouteille et deux verres; String s'en alla.



Dans la nuit, aussi loin qu'ait pu le porter la route, le jeune homme marchait; marchait de ces marches qui ne se sentent pas, qui ne sont que les gouttières des pensées nocturnes. Le jeune punk tremblait de plus en plus fort, jusqu'à claquer des dents. Incontrôlable.

Après avoir fait trois fois le tour de la ville -au moins- il réussi à se convaincre de rentrer chez lui. Seul.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:15

Chez lui. Il s'agissait déjà de bien grands mots. En réalité String louait une chambre dans un de ces hôtels du centre -pas trop miteux, pas luxueux. Cela faisait un peu plus de deux ans que String habitait ce deux pièce minuscule, pourtant ses valises n'avaient toujours pas été défaites. Sait-on jamais.

Il n'était plus qu'à une rue du bâtiment et la pluie commençait lentement à battre le visage du jeune homme.

Il en avait vu passer des jeunes filles, toutes plus séduisantes les unes que les autres. Chaque jour une nouvelle tête. Chaque soir une nouvelle fascination. Chaque nuit un nouvel amour éphémère. Chaque matin un nouveau manque. Jusqu'à ce jour. Ce jour où c'est
elle. C'était son tour.


Enfin arrivé dans le hall de l'hôtel, String salua le gardien qui, derrière sa loge, s'abreuvait des images hypnotisantes de sa télévision. Il entra dans l'ascenseur.

C'était
elle. Une rencontre anodine, comme le sont toutes les rencontres importantes. Le problème étant que l'on en prend conscience que bien plus tard. Ils ne le savaient pas, mais tout deux avaient été frappé de ce que certains appellent le coup de foudre ou bien la flèche de Cupidon. Il l'invita à boire un verre, elle accepta; deux heures et deux cafés plus tard ils communiaient. Ebauche classique menant à la débauche. Seulement, cette fois ci c'était elle qui n'était plus là au matin. Plus besoin de trouver mille et une excuse pour la faire dégager. Elle n'était plus là.


La porte de l'ascenseur se déverrouilla et String sortit. Au fond du couloir à droite et il y sera.

Quel étrange sentiment que celui du manque pour celui qui le découvre. Ce sentiment qui prend au ventre, qui colonise les pensées, String ne le connaissait pas. C'est pourquoi il fit tout ce qu'il pu pour la retrouver,
elle. Et il l'a retrouva. Facilement. Et ils recommencèrent. Ils discutèrent devant un ou deux cafés; puis ils montèrent dans cette chambre; puis ils se retrouvaient chacun l'un dans l'autre; puis elle s'en allait. Ainsi de suite. Jusqu'au moment où...


String tourna au fond du couloir puis, alors qu'il s'apprêtait à sortir son pass pour ouvrir la porte, s'arrêta brusquement.


...

...



Que fais-tu là ?


Elle était là. Assise dans le couloir, contre le mur, à côté de la porte.

Leurs regards se croisaient. Elle baissait le sien. Puis ils se recroisaient. String baissait le sien. C'est fou ce que l'amour peut être ridicule parfois. C'est fou ce que l'on peut être ridicule dans ces situations. Ils meurent d'envie tout d'eux de se prendre dans les bras l'un de l'autre; mais elle n'en fait rien, de peur de se faire rejeter; mais il n'en fait rien, de peur...


Je suis enceinte String.

Le chaos. Ce mot entraina l'apocalypse au sein de l'esprit du jeune punk. Comme si l'horreur incarnée venait renaître encore et encore devant ses yeux à chaque résonance de ce mot. Enceinte. Et de tout ce qu'il impliquait. Et ce regard qu'elle lui jette qui l'enfonce au plus profond de son abime, de sa confusion. D'un coup, un millier de millions de choses, de pensées, s'entrechoquèrent dans sa tête le retenant dans cet abyssal désarroi. Il comprit soudain pourquoi elle voulait tant entendre ce qu'il ne pouvait lui dire.

Dis-moi-que-tu-m-aimes.

Elle est enceinte. String l'a mise enceinte. Il l'a mit elle, enceinte. Il avait beau se le dire et se le redire, se le répéter encore et encore, il était paniqué.

Que.. que veux tu que je fasse ?

Dis moi que tu m'aimes.

...

Je ne suis pas.. enfin tu sais. Je ne suis pas du genre à...

...oui. Je sais. Je sais que je te demande l'impossible; tu n'es même pas capable de t'engager à avoir un appart correct, tu préfères vivre dans ce taudis minuscule. Alors te demander autre chose...

Elle baissa les yeux.

Mais dis moi que tu m'aimes. Ou si tu ne peux pas : dis moi que tu ne m'aime pas.


...

String s'approcha d'elle, la releva et la serra dans ses bras. Quel soulagement. Enfin. Il l'a serrait tellement fort qu'il pouvait sentir battre son coeur, cela l'apaisait.


Je t'aime. Mais ne pars plus s'il te plaît.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:16

String ouvrit la porte d'entrée. Elle entra d'abord puis il l'a suivi.

Pourquoi ? Pourquoi ne l'a-t-il pas laissé dehors ? Le froid, peut être. La pluie surement. Pourquoi ne pas la laisser là, seule, alors ? Simples questions dont les réponses sont loin d'être évidentes. String ne savait plus. Elle portait son enfant. Pourtant il n'avait qu'une seule envie; celle de s'enfuir loin. Très loin. Cette peur de l'engagement le tenaillait et pouvait lui donner la force de s'en aller loin suivre les lueurs de l'insouciance mais malheureusement pas le courage de le faire.



Tu as besoin de quelque chose ? se reprenant ...Je veux dire tu veux boire quelque chose ?

Un léger sourire se dessinant sur son visage, elle rétorqua

Non. Merci.

Elle s'assit ensuite dans le sofa.

Elle avait besoin de lui. Elle ne s'en sortirait pas toute seule. Voilà la raison. Voilà ce qui l'empêche de partir. L'unique raison.



Tu penses avorter ?

Une fois ces mots lâchés le visage de la jeune femme se referma.

Je.. je ne sais pas. Tu en penses quoi; tu es le père. Tu as ton mot à dire, je voulais savoir ce que tu en pensais.

Eh bien...

De longues secondes s'écoulèrent. Sans réponse au bout.


String s'assît à côté d'elle sur le sofa. Puis lui tenant la main

Cette décision te revient. Je ne sais pas moi. Nous sens tu près ?

Non.

Alors..

Je ne veux pas. Je ne veux pas avorter.


Claire. Elle était claire. Que pouvait faire String si ce n'est respecter sa décision. Il ne pouvait pas vraiment aller contre; puis il lui devait au moins ça.


Alors garde-le.

Non. Dis : gardons-le.


Encore des mots difficiles à prononcer. Il était bien là, sa main dans la sienne, épaule contre épaule, assis sur ce fauteuil. Et pourtant deux simples mots cette fois, non plus trois mais deux. Deux simples mots qui lui écorchèrent la gorge.


Gardons-le.


Ca y'est. Il ne pouvait plus reculer. Il avait atteint le point de non-retour. Il s'était engager. Drôle de sensation. Ressenti désagréable mélé d'un sentiment de devoir accompli. String espérait ne plus avoir à ressentir pareil supplice.



Je ne peux pas renter chez moi. Mon bail à expiré.

Tu peux rester si tu veux; je dormirais sur le canapé. Tu dormira dans mon lit.

Baissant la tête et d'un toute petite voix désabusée elle répondit

Très bien. Merci.

Puis elle se dirigea vers la chambre de String.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:16

Au pied du mur String n'avait pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit. Il agissait d'instinct, naturellement; il agissait. Mieux : il avancait. Sa peur de l'engagement qui le pousse à détruire tout ce qui peut être source de esponsabilités s'était soudain évanouie. Chose étrange. En effet, dans n'importe quelle situation auparavant celle-ci était la seule chose qui le pressait à agir.

Toujours est il que la mère de son enfant était dans la chambre à côté. Une simple planche de bois agrémentée d'un bout de métal tordu les séparait. Situation assez grotesque voire pittoresque.. Devait-il la rejoindre ? Devrait-il la rejoindre ? Impossible de répondre sans essayer. Chose dont String n'était pas prêt. Pas maintenant. Pas après tout ca.

String enfourcha sa guitare et joua quelques instants avant de s'endormir; fatigué.

...

Le lendemain String était levé le premier. Les aventures d'hier au soir le tendaient. Il vérifia que tout le monde était bien endormis dans la chambre et, après que chose fut faite, il sortit. Direction le café du coin.

...

Deux heures plus tard, String remonta dans sa chambre. Stupeur. Plus personne. Elle était partit. Où est ce qu'elle avait pu aller ? String appela quelques uns de ses amis : sans résultat. Il descendit alors à la loge du gardien pour lui demander quant est ce qu'il l'avait vu sortir et si par hasard elle ne lui avait pas dit où elle allait. La seule information que le vieux gardien a pu lui donner est qu'elle était sortit peu de temps après String.

...

Les heures s'égrainaient et String plongeait dans l'incompréhension. Il était perdu. Où est ce qu'une femme qui vient d'apprendre qu'elle est enceinte peut elle bien aller ?

Soudainement String sortit son téléphone et tapa le numéro de l'hôpital de la ville.

Allo ici le secrétariat du Centre Hospitalier Est. Que puis je faire pour vous ?

Bonjour. Je souhaiterais savoir si vous avez admis une femme enceinte ces quatre dernières heures.

Bingo. C'était elle. Ni une ni deux, String s'y rendit en quatrième vitesse.

...

Une fois arrivé, il demanda le numéro de sa chambre.
Service des Urgences. Chambre U354.

Une fois arrivé devant la porte String se rendit compte qu'il n'avait pas de bouquet de fleurs pour la féliciter. Mais après tout ce n'était pas son genre. Puis, tout à coup il revint sur sa réflexion. Pourquoi lui apporter des fleurs ? La féliciter de quoi ? Service des Urgences ? String ne voulait pas comprendre.

Il entra. Elle était là. Les mains croisées sur son ventre, le regard vitreux, vide.


Tu sais... cette nuit je n'ai pas dormi. Je t'attendais. A chaque instant j'espérais que tu pousse la porte et que tu viennes me rejoindre. Mais tu n'es pas venu...

Etonné, abasourdi, String resta à l'entrée. Un ange passa.

J'ai perdu l'enfant. J'ai fais une fausse couche.

String était perdu. Perdu comme dans ces moments où trop de choses arrivent d'un coup et où plus rien ne répond correctement, si quelque chose répond encore. Dans le flou, elle lui asséna le coup de grâce.

Je m'en vais. J'ai trouvé un appart dans une autre ville, loin. Tu ne me verra plus. Tu avais raison : c'est mieux comme ca.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:16

Cela fait un peu plus de huit mois maintenant qu'elle est partie. Loin. Aucunes nouvelles n'avaient été échangé. Même s'il l'avait voulu String n'aurait pas su où les envoyer.

Pendant ces huit mois il n'avait jamais autant chômé; il écumait les bars en jouant pour trois pièces. Pièces automatiquement réinvesties en boissons plus ou moins alcoolisées : il jouait pour boire à l'oeil.
Seulement, deux mois auparavant, il avait fait la connaissance d'une jeune femme. Parfaite selon les critères de sélection du jeune punk : vingt trois ans, mignonne, brune, aussi paumée. Ils s'étaient bien trouvés, en début de soirée, dans ce bar; tout deux avait quelque chose à oublier. D'un côté une fille enceinte qui avorte puis disparait sans donner signe de vie, de l'autre un mec partit avec une autre.

Il l'avait tout de suite remarqué en jouant mais n'avait pas la tête à s'emmerder l'aborder, la draguer, l'emballer, la baiser, l'oublier.
A la fin de sa prestation String s'installa comme à l'accoutumance au comptoir du bar. Quelle ne fut pas son étonnement lorsqu'une jeune femme se posa à côté de lui et lui offrit à boire.


Une bière pour le monsieur et... hmm ba pareil pour moi ! Merci !

C'est moi qui d'habitude offre à boire aux jeunes filles telles que vous...

Elle rebondit

C'est peut être que je ne suis pas une de ces jeunes filles à qui vous offrez des verres d'habitude.

Le jeune homme sourit avant de répondre

Qu'avez vous à noyer ? Vous avez une si grande peine qu'il vous est impossible de ne pas la partager ? Dites moi.


La jeune femme désarçonnée

Qu'est qui vous fait dire ça ? J'ai l'air triste vous trouvez ? Si toutes les filles tristes offraient des verres.

En ce moment, toutes les filles qui m'allument sont éteintes. Pourquoi seriez vous une exception ?



La discussion continua mine de rien avant de se voir interrompu par le barman qui annonçait la fermeture du bar. Ils n'avaient pas vu le temps passé. String était fasciné par la détresse que son visage retenait mais que ses yeux trahissaient. Elle, était interpelée par l'assurance de ce bonhomme sans sourire, sans illusion, sans projet, sans vie.

String l'invita à continuer la discussion chez lui. C'est alors qu'elle lui fit une réponse qu'on ne lui avait jamais fait.


Je pense que l'amour fantasmé vaut bien mieux que l'amour vécu. Ne pas passer à l'acte, c'est très excitant. Tu n'es pas d'accord ?

Il faut seulement avoir le courage de ne rien vivre...


Le lendemain au soir, ils remettaient cela. Le même schéma, le même bar, la même invitation. Seulement cette fois elle accepta d'aller chez String.



Aujourd'hui, huit mois après avoir failli devoir se préparer à être père, String se sentait revivre. La cause à cette rencontre deux mois plus tôt avec cette fille paumée qui n'avait pas trop d'idées où elle allait. Ca tombait plutôt bien, String non plus. Rien de bien officiel entre eux. Ils se voyaient, simplement, de temps en temps.




Un jour, alors qu'il errait en ville, String tomba sur un prospectus pour une conférence qui attira son attention. Et pour cause ! La femme en photo sur le papier ressemblait étrangement à celle qu'il avait laissé partir huit mois plus tôt. Il décida de s'y rendre -qu'avait-il à perdre si ce n'est son temps ?

Une fois arrivé dans la salle, String trouva une chaise et s'assied. Il cherchait. Il cherchait la fille qui ressemblait tellement à Elle.. mais rien. Alors qu'il allait se décider à lever ses fesses du siège une nouvelle intervenante fit son apparition devant le micro.

String ne bougeait plus. Il n'en croyait pas ses yeux; impossible. Ca ne pouvait pas être elle, pourtant c'était elle ! C'était Elle ! Mais comment ? Quelque chose clochait. Et pour cause, elle n'était pas seule, mais indéniablement habitée par quelque chose qui se cachait sous son ventre...
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:17

L'incompréhension avait envahi l'esprit de String. Comment réussir à réfléchir lorsque rien ne parait ni n'apparait logique. Enceinte, elle était enceinte. Mais comment ? Elle avait fait une fausse couche. Néanmoins, c'est ce qu'elle lui a dit...

Elle l'avait vu. String en était sûr; il attendit la fin de la conférence.

Une fois celle ci terminée, il décida d'aller la voir; rien ne servait de l'attendre, elle ne viendrait pas.


Je peux te parler ?

Elle baissa les yeux, son visage se ferma.

Non, inutile.

Il n'est pas de moi ? Dis moi qu'il n'est pas de moi...

...

Tu me dois quelques explications je crois non ?

Elle leva la tête, une larme s'écrasa sur sa manche.

Je...

Elle se précipita contre String. Ce dernier, prit de cours, ne pu rien faire. Il la serra contre lui.

Tu n'as pas fais de fausse couche c'est ça...

De longues minutes passèrent et les responsables de la conférence les invitèrent à continuer leur discussion dans le hall.

Je suis désolée... Je ne te demande même pas de m'excuser, je ne suis pas excusable. Mais je suis désolée. Je pensais.. je pensais pouvoir m'en sortir toute seule, je croyais que.. que...

Elle reprit son souffle un instant avant de reprendre.

Je me sentais à la hauteur pour assumer cela toute seule... Mais c'est trop dur. J'ai besoin de toi, j'ai besoin d'aide String.

Boum. L'expression "l'effet d'une bombe" prenait tout son sens. Tout explosait une nouvelle fois à la figure du jeune homme. Partagé entre un sentiment de frustration, entre la colère et l'empathie, il ne savait, une fois de plus, que faire. Que faire ?

Qu'attends tu de moi ?

Je veux que tu sois la... avec moi. Je suis consciente que je t'en demande beaucoup.. mais j'aimerais que nous réessayions, comme avant..

Il devait choisir. Laissé une mère -et pas n'importe laquelle, la mère de son enfant- seule ou assumer avec elle pour l'enfant. String voyait d'un mauvais oeil le fait que cet enfant grandisse sans la présence d'un père.

D'accord.

Elle releva la tête

Vraiment ? Tu veux bien essayer...?

Je veux bien réessayer. Mais si je le fais c'est d'abord pour l'enfant. Que ca soit clair.

Très.

Tu viendra habiter chez moi pendant ton dernier mois de grossesse et je serais là pour toi.

Elle pleurait.

Chuut.. je suis là maintenant.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:17

Pendant le dernier mois de grossesse String était là, à ses côtés. Il l'a soutenait, il l'entourait; il avait même trouvé un job de transporteur. Il était là, comme il l'avait promis.

Néanmoins, une gène persistait. Il avait espéré mais rien n'y faisait. Il ne l'aimait pas. Le coeur est de ces organes incompréhensibles : il n'a jamais de rides, il n'a que des cicatrices. Celles-ci l'empêchaient d'aimer, l'empêchaient de l'aimer. Il y a des coups de foudre qui font des bleus au coeur.

Tout. String avait pourtant tout. Tout ce dont le bonheur pour certaines personnes, était fait. Le problème est que String n'est pas de ceux là. Il est parfois plus difficile d'être heureux que malheureux.


Un vendredi, puisqu'il fallait bien que ça arrive, et alors que String entrait après une journée de travail, il la retrouva par terre. Mouillée et transpirante, la panique l'avait envahi. String n'eut pas à réfléchir deux fois. Il l'a prit et l'emmena à l'hôpital. Il allait être papa.

Cette perspective ne l'inquiétait pas encore dans le feu de l'action; l'adrénaline aidant dans ces moments là à ne plus se torturer et s'encombrer l'esprit.

Une fois arrivés à l'hôpital les médecins l'emmenèrent en salle de travail. String la suivit.

Peut être le tournant. C'était peut être le tournant de son existence. Peut être que cette chose qui allait sortir d'elle allait faire fuir ses vieux démons, allait les rendre, elle et String, heureux, enfin. Enfin. Rien est plus difficile que de se retrouver après une rupture. Rien est plus difficile de retrouver la trace du bonheur passé. Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur; il est devenu Douleur. Le pire étant que dans ces moments là, la douleur s'enchaine; le jour succède au jour et la peine à la peine. Au milieu de cette si grande cascade, comment la petite flamme peut elle subsister ?


Entrés dans la salle le médecin apostropha String

Vous êtes son compagnon ?

String hésita quelques secondes. Quelques secondes de trop.

Seuls le conjoint peut assister à l'accouchement..

D'un cri elle brisa sa poussée et coupa le médecin

C'est le père !

Très bien vous pouvez aller lui tenir la main.

Les cris et l'agitation tout autour de String l'envoyèrent dans ses pensées; il était complètement déconnecté. La scène qui se déroulait en sa présence, il en était que spectateur. Sa main dans celle de la mère de son enfant, restait la seule connexion avec le monde réel. Rien ne pouvait le retiré de ce monde illusoire où le temps s'arrête, où les choses sont plus simples, où les problèmes s'évanouissent. Rien, ou presque.

Sa main se mit à ressentir une énorme pression; la douleur et la surprise le firent sursauté. Il atterrit, regarda autour de lui et se rendit compte qu'elle le regardait comme si elle attendait qu'il lui dise quelque chose. Son regard était d'une pesanteur rare, très insistant.


Réponds moi !

Surpris, dérouté, String répondit paniqué

Quoi ?! J'ai pas entendu ?!

Entre deux respirations et une poussée elle répéta

Pour la troisième fois : est ce que tu m'aimes ?!

Que faut il répondre ? Que faut il répondre dans ces moments là ? Faut il mentir et faire comme ci, ou faut il dire la vérité -quand on la connait, malgré les conséquences futures ?

L'agitation avait stoppé. Tout les yeux de la pièce étaient tournés vers String et attendaient sa réponse.

Au final ne l'aimait il pas ? Rien n'a été aussi souvent décrit, et n'est plus mal connu que l'amour après tout. Peut être l'aimait il mais sans qu'il ne s'en rende compte ? String était dans une position difficile. Il était maître de son destin. Il n'avait plus le temps de réfléchir : il fallait qu'il réponde. Quand le coeur a mal, le corps et l'esprit ont mal aussi. Il est délicat de ne savoir quoi faire quand on est au pied du mur; et le temps où l'on s'est préparé à faire un choix n'aide pas. Bien au contraire.

Elle était là, son regard toujours pendu à la bouche du jeune homme. La peur envahissait ses yeux. Il devait répondre.


Non. Je suis désolé, je ne t'aime pas.

A l'instant où ces mots sortirent de sa bouche un petit cri strident éclot.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:17

Cela faisait un mois que String était papa. Une petite fille. Il la voyait tout les week ends chez sa mère. Elle ne lui en voulait pas de ne pas l'aimer; elle essayait de tourner la page. Après tout, se quitter ce n'est pas quitter quelqu'un; c'est se quitter tout les deux.
De son côté String errait. Son choix était difficile et forcément mauvais. En amour dès qu'il y a un choix il ne peut être que mauvais.

Malgré tout, et dans ce quasi vide intérieur, il subsistait un souvenir. Le souvenir de cette fille rencontrée une nuit dans un bar. Elle ne le connaissait que brièvement; seulement ce qu'il fallait savoir pour coucher avec lui. Elle ignorait que String était maintenant papa.. Et s'il pensait fortement à la revoir il n'appréhendait pas moins sa réaction. Elle avait quitté un célibataire libertin pour retrouver un célibataire père de famille.

Qu'à cela ne tienne ! Il n'était pas dans les habitudes du jeune homme de ne pas essayer. Il décida donc de la retrouver, du moins essayer. Il se rendit alors dans ce bar où ils s'étaient rencontrés, dans l'espoir qu'elle l'écume toujours.


Durant trois jours et trois nuits String était présent. Aux aguets. Attentif à tout nouvel arrivant dans le bar. En vain; aucunes traces. C'est dans ces moments que l'on se dit qu'il ne faut pas précipiter les choses et les faire dans l'ordre : discuter, plaire, prendre le numéro de téléphone, coucher. Il lui manquait une étape indéniablement.

Alors, loin de se décourager -et n'ayant pas spécialement autre chose à faire, il retourna au bar, chaque jours, chaque soirs, chaque nuits.. Et son courage eu gain de cause.

Un soir qui ressemblait à tout les autres, elle entra. C'était bien elle. Ce regard il le reconnaissait. Mais lorsque le jeune homme se redressa et s'apprêtait à se lever pour aller à sa rencontre, un coup de massue vint le clouer sur son siège. Elle n'était pas seule.

Il était présomptueux de croire qu'une jeune femme avec autant de charme se retrouvât seule longtemps. Il est en effet très prétentieux d'enfermer une femme dans un sentiment éternel. Une leçon que String n'était pas prêt d'oublier.

Après les avoir observer quelques minutes pour être sûr de la nature de leur relation String, dépité, se décida à rentrer. Il se dirigea vers la sortie lorsqu'elle le vit et l'interpela


String ?

Etonné d'avoir été vu, pensant avoir été discret, il se retourna et fit comme s'il ne l'avait pas vu.

Hey ! Que fais tu là ?

Que veux tu que je fasse dans un bar ?

String posa les yeux sur l'homme qui l'accompagnait; un malaise s'installa.

Je te présente mon petit ami.

Puis se tournant vers ce dernier elle renchérit

Voici String, un vieil ami.

Très bien. Enchanté. Bon je vais vous laisser je..

.. mais non viens boire un coup avec nous !

String la regarda, attendit une poignée de secondes avant de répondre


Non. Merci. Vous avez sans doute mieux à faire sans moi. Au revoir.

Il s'en alla.


"Un vieil ami". Voilà ce qu'il était devenu. Passé d'amant à vieil ami est un rude choc pour un coureur de jupons. Mais c'était le jeu aussi; lorsqu'on lâche une proie il faut s'attendre à ce qu'elle soit courtisée par d'autres prédateurs. String le savait, mais avait du mal à l'accepter. Pourquoi ? Il ne le savait pas spécialement. Tout ces jours à la chercher, à la fantasmer y jouaient surement.

Une fois sortit, il s'alluma une cigarette et s'apprêta à s'assoir sur la terrasse lorsqu'une petite voix derrière son dos se fit entendre.

Tu es revenu pour moi n'est ce pas ?
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:17

Coincé. Il était coincé. Elle l'avait percé à jour, elle l'a compris. Situation embarrassante et excitante à la fois. Il n'était pas parti mais elle était revenue.

Les absents ont toujours tort de revenir. Ils savent ce qu'ils ont laissé, mais jamais ce qu'ils vont retrouver.



Elle n'avait pas tout à fait faux et String le savait. Il laissa tomber sa cigarette avant de l'écraser. Qu'allait il faire ? S'échapper, comme d'habitude, et la laisser elle aussi derrière lui; les erreurs stupides se répétant inlassablement ? Ou lui avouer le but de son entreprise, sa recherches, son objectif... la retrouver ? Ils sont des moments où il est préférable de mettre son ego de côté, de ravaler sa fierté, et avouer. Même si sur le moment on peut paraitre naïf, la finalité en étant positive, donne raison.

Je suis revenu pour toi. Je pensais que tu serais là et.. J'aurais du ne pas revenir.. mais je pensais que..

Un moment il s'interrompt avant de finir.

Je vais y aller maintenant.

Il lui sourit et lui tourna le dos pour prendre la direction de sa chambre d'hôtel lorsqu'une main, agrippée à sa manche, l'en empêcha.

Ne pars pas. Reste avec moi tu veux ?

Le jeune homme interloqué se retourna et faisant mine de ne pas comprendre, fit un signe de la tête en direction du bar.

Laisse. Je ne le connais que depuis une semaine. Et puis moi aussi je veux savoir ce que ca fait de partir du jour au lendemain, sans prévenir.

Un à zéro.



Cette nuit là, elle refusa de rentrer à l'hôtel avec lui; il lui devait bien ca. Après tout, il était venu la rechercher elle.. pas autre chose. Ils passèrent la nuit dehors dans un parc, assis sur le bord de la fontaine. Fontaine amer et fraîche lorsqu'elle le fit tomber dans l'eau; soit-disant malencontreusement. En réalité, c'était sa vengeance à elle. Il l'avait laissé en plan, au début d'une relation qui débutait bien. Il s'agissait d'un -fragile- retour à l'équilibre des choses. Obligé de rentrer changer de vêtements, et elle, refusant de rentrer avec lui, ils se séparèrent en se donnant rendez-vous au même endroit, à la fontaine du parc, le lendemain.


Chose fut faite le lendemain, en début d'après midi. Il était arrivé en avance sur l'heure négociée; histoire d'être sûr de ne pas être en retard. Elle aussi était arrivée en avance; histoire d'être sûre d'arriver à l'heure.
Il s'agissait de la première fois qu'ils se voyaient de jour. Jusqu'à maintenant seule la nuit avait été mise au courant de leur liaison. En voilà le soleil avisé.

String l'emmena sur les hauteurs de la ville, loin de toute l'agitation de la civilisation moderne, loin de ces klaxons, de ces moteurs, de ces gens.

Arrivé là-haut, ils se posèrent au pied d'un cerisier dont les fleurs commencaient à bourgeonner, sur l'herbe, elle sur lui et lui sous elle. String était bien. Il était troublé par cette jeune fille dont l'esprit rivalisait avec sa beauté. Il était le chanceux qui avait le privilège de l'accompagner; au moins pour un petit bout de chemin.

Il devait donc lui dire. L'appréhension l'envahissait à chaque seconde qu'il perdait. Il fallait absolument lui dire.

Je suis papa. D'une petite fille d'un mois. Elle vit chez sa mère et je la vois tout les week-end. Nous ne sommes plus ensemble sa mère et moi.

Choquée, elle se tourna brusquement vers String, le regard lourd; regard qui déstabilisa le jeune homme au point de faire s'emballer son coeur, accélérer sa respiration et le faire rougir fortement. La seconde suivante ses yeux se plissèrent, son sourire s'ouvrit

Très bien. Si tu me dis que vous n'êtes plus ensemble, je te crois. Pourquoi respires tu si difficilement ? Ton coeur s'emballe, souffle !

Soulagé, le jeune homme rétorqua en riant

C'est l'amour. C'est une source de problèmes respiratoires.
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 23 Sep - 5:18

C-est-l-amour. C-est-l-amour. C-est-l-amour. C-est-l-amour. C-est-l-amour...

Ces mots rebondissaient dans la tête du jeune homme. Son esprit était partit dans le vague.. il fermait les yeux. L'avait-il bien dit ? Oui. Il l'avait dit. Malheureusement pas assez présent sur terre pour voir sa réaction, c'est des nuages qu'il devra l'imaginer. Comment a-t-elle réagis ? Lui fait-il peur, lui, avec tout son amour ? Ne s'est-elle pas en aller en courant à ces mots ? Dur. Il faudrait qu'il ouvre ses yeux pour voir.. avec un peu de chance elle n'a pas entendu. Quoique.

String ouvrit finalement les paupières après moulte essais ratés. Devant lui, un visage qu'elle éclairait d'un sourire. Un de ces sourires d'enfants qui sont appuyés par le regard brillant. Ces yeux qui disent tout -ce regard qui rend le jeune homme si fragile. Un soulagement, une respiration, une libération. Elle n'était pas partie, elle n'avait pas l'air d'avoir peur. Elle le comprenait.

Néanmoins, chasser le naturel et il revient au galop. String ne pouvait s'empêcher de se poser des questions. Pouvait-il déjà tomber amoureux d'une autre ? Surtout après une difficile rupture. Etait-il amoureux déjà ? Si tôt; le coup de foudre -au sens romantique du terme- existerait il vraiment ? Que ressentait elle ? Ce sentiment de plénitude peut être ne le partageait-elle pas.. Peuvent-ils rester là encore longtemps à se sourire bêtement l'un à l'autre sans rien dire ?


Finalement c'est un grand soupire du jeune homme qui tua le silence de la nature. Leurs regards se perdirent, il rougit, elle baissa les yeux.

Tels deux pré-adolescents découvrant pour la première fois leurs émois ils se troublèrent. Elle lui prit la main.





Dis moi. Pourquoi tu rougis ?

Mince ! Il est vrai que malgré tout ses efforts pour se contenir, ses joues -ces traîtresses- n'en font qu'à leur tête... C'est pas grave.

Je ne sais pas. Peut être est-ce la chaleur. Peut être est-ce toi qui l'affole. Peut être est-ce les deux à la fois et en même temps.

La chaleur. Cette chaleur qui le brûlait de l'intérieur. Il se pencha vers elle avant de l'embrasser d'un de ces baisers qui voulaient tout dire. Il se redressa ensuite, leur visage s'éloignèrent une première fois de quelques centimètres; un sourire se dessina sur leur bouche, puis ces dernières se rencontrèrent à nouveau.

Scène ridicule en soit, mais scène intense.


Tu habites toujours dans cette chambre d'hôtel affreuse alors ?

Oui. Elle n'est pas si affreuse; enfin.. on s'y habitue quoi.

Tu devrais penser à trouver un endroit plus potable pour ta fille non ?..

String baissa les yeux. Elle avait raison. Il était peut être temps de lâcher un peu de cette liberté auquel il tient tant. Au fond cela ne le surprenait pas que quelqu'un lui fasse la remarque... contrairement à ce qu'elle allait dire

Prenons un appart' ensemble ! Pourquoi pas ?!

Deux à zéro. Pouvait-il faire marche arrière ? Non, il ne pouvait pas. Le faire c'était tirer un trait sur elle, c'était la rejeter, l'oublier une nouvelle fois. Mais cela n'était pas important; de toute facon.. il avait envie. Il voulait bien. Avec elle.

D'accord.

Quoi ?! Tu viens bien de dire 'd'accord' ? J'ai pas halluciné tu l'as bien dis ?!

Il sourit.

Oui. Je l'ai bien dis.

Elle se leva, lui tendit la main

Come on baby light my fire !
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeLun 28 Sep - 6:34

String était casé. String était casé. Il fallait l'entendre deux fois pour l'assimiler. L'éternel goujat, le solitaire torturé, l'autodestructeur en série se transformait lorsqu'il était avec elle.
Il baignait dans ce que les autres réprouvaient en lui : le bonheur. Il n'y a que lui qui suscite tant de jalousie. Il était avec une fille superbe qu'il aimait. Il allait même s'installer, avoir son chez-lui avec elle. Il avait tout.


Un jour alors qu'elle rentrait chez elle, le téléphone sonna.

Allô. C'est String. Tu peux venir s'il te plaît, j'ai à te parler.

Etrange. Qu'avait il de si important à lui dire ? Qu'y avait il de si urgent pour qu'il ne le dise pas au téléphone ? Que s'était il passé depuis qu'ils s'étaient quittés -une demi heure auparavant ? Elle rebroussa chemin et se dirigea, vers la chambre de String.

Arrivée à l'hôtel, elle rejoint le jeune homme qui l'attendait, adossé au mur, fumant une cigarette. Il se dégageait de lui une étrange impression tout à coup. Impression qui n'existait pas quand elle était avec lui quelques minutes plus tôt. Elle s'avança vers lui, lui demanda ce qu'il y avait de si important. String écrasa sa cigarette et le visage fermé, la tête baissée, il lui fit signe de la rejoindre en haut...

Du pied de l'hôtel à la chambre aucun mot n'avaient été prononcé. Un silence pénible et alourdissant régnait, le stress sur le visage du jeune homme apparut.

Ils étaient là. Dans la chambre. Assis l'un en face de l'autre. Elle le regardant, lui baissant les yeux. Il avait quelque chose à lui dire mais cela ne voulait visiblement pas sortir.

Il se leva, lui tourna le dos


Je t'ai trompé.

Laché. Le mot était laché. Trompé. Il avait essayé toute la journée de lui dire mais ne trouvait pas le bon moment -si il en existe un pour ce genre de situation. Il avait avoué sa faute, sa honte. Il n'osait plus se retourner, il ne voulait pas voir son visage, il ne souhaitait pas voir des larmes sur ses joues. Alors ce fut elle qui se déplaça. Non pas pour rien; elle se posta devant lui et lui ordonna de lever la tête. Une fois que chose fut faite elle lui décocha une gifle monstrueuse; puis elle partit sans se retourner.

Choqué, il devait pourtant s'y attendre. A l'intérieur String bouillonnait; il pestait contre lui-même, mourrait d'envie de lui courir après tout en essayant de réaliser ce qu'il venait de se passer. La gifle l'avait abasourdi; il restait là, pétrifié.

Elle était partie. Loin. Elle l'avait quitté. C'est finit. Il a encore tout gâché. Il était faible; il avait succombé aux bras d'une autre. Définitivement. Il était abattu. Seul au milieu des vagues de sanglots.

Sentiments cruels que ceux du regret et de la frustation. Tout est de sa faute. Il n'y avait pourtant pas grand chose à faire, simplement croire en l'avenir. Que tout est noir lorsque l'être aimé est parti par sa faute...

La mémoire de ces yeux qui le colle à la peau, ces moments magiques passés où ils pensaient être différents des couples qui se déchirent, qui n'ont que des souvenirs; parce qu'ils pensaient valoir plus que les autres ce sont autant de couteaux qui pénètrent le coeur du jeune homme. La tête est le berceau des sentiments mais le coeur est le berceau de la douleur. Comment se faire pardonner ? Si elle ne le sait pas, comment lui dire qu'il regrette, qu'il est désolé ? Comment lui panser ce coeur qu'ils partageaient ? Comment lui dire que lui sans elle ce n'est plus possible ?...

String se réveilla. Il était resté planté là, statufié. Il prit sa veste et sortit en direction du parc; sur le chemin il sortit son portable et tenta de la joindre. En vain : elle avait éteint le sien.

Au parc, il se dirigea vers la fontaine, leur fontaine, en espérant désespérément qu'une jeune femme s'y trouve. Arrivée à ses abords, rien. Rien ni personne. Il s'approcha du bord de la vasque qui surplombait la fontaine et s'aperçut qu'un bout de papier y était, coincé sous un caillou. Il le prit, le déplia et le lu :

"Oh mon amour, je passe mon tour..."
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitimeMer 21 Oct - 4:40

Trois à zéro. KO technique.




Seul. Il est à nouveau seul. Désormais la femme qu'il aime ne le voit plus; ou bien alors elle fait comme-ci. Il était là, l'âme solitaire et perdue de n'avoir plus l'habitude de ne devoir penser qu'à elle; de ne devoir que se panser. Cela faisait longtemps qu'elle s'était éloignée et nonobstant le fait qu'il souffrait autant que celui dont on a arraché le coeur, il ne pouvait s'empêcher de l'aimer encore. Car justement, on ne le lui avait pas arraché; il était là, toujours battant, chaque pulsation propageant la douleur vers le reste du corps. La torture de l'âme et de l'esprit sont surement les plus horribles -ou du moins les plus éprouvantes. Se suicide-t-on à cause d'une rage de dent, d'une fracture de l'auriculaire ou bien d'une migraine s'éternisant ? Non. Par contre, combien de malheureux se sont jetés d'un pont, se sont pendus ou bien, de désespoir, se sont laissés partir à la suite d'une douloureuse rupture ?

Ce ne serait que laisser le bon rôle à String que d'oublier que si elle
est partie, c'est par son unique faute -à lui. C'est lui qui n'a su l'aimer et le lui montrer en même temps. C'est lui qui n'a su lui être fidèle. C'est lui qui n'a pu s'empêcher, qui a succombé, qui ne sait pas résisté. C'est lui qui a peur.


String était devenu un débauché. Depuis cet épisode il n'était plus le même. Elle
l'avait changé.

Seul, assis sur le bord de la fontaine, il noyait sa peine dans ce qu'il lui restait de sa bouteille de vin puante et ignoble. Elle
l'avait quitté. Rien d'étonnant à vrai dire; qui reste avec quelqu'un en qui on ne peut avoir confiance ?

Souffrance. Étonnant comme ce mot revient, ponctuellement. Comme une ponctuation finale dans une histoire qu'il a sabordé, une de plus ou une fois de trop. Qu'importe. L'amour ne peut se résumer à un cap. L'amour n'est pas un jeu. Difficile à admettre au final pour quelqu'un qui vit dans l'insouciance et dans l'égoïsme.

Étrange parallèle n'est-ce-pas. La vie est peut être une sorte de boucle infinie plus ou moins grande où les choses se répètent parfois avec quelques modifications. Au final il ne reste qu'une solution : ouvrir les yeux et briser ce voile qui nous pousse à espérer des lendemains meilleurs et s'arranger avec la réalité -ou la fuir, l'abandonner.

String était de ceux-ci. De ces gens qui refusent de fermer les yeux sur la réalité des choses et préfèrent ne pas feindre un bonheur de toute manière impossible. Explication d'ailleurs, au fait qu'il ne le connaisse pas -le bonheur, ou alors que très succinctement. La misanthropie qui s'était dissipée à leurs côtés avait pointé à nouveau le bout de son aiguille, et pourtant.. Pourtant s'il n'eût besoin que d'une chose, ce fut bien des autres. Il était comme un poussin sans parents -condamné à mourir à petit feu. Comme le petit enfant qui chute au milieu d'une rue et qui peine à se relever -écrasé. Loin de lui l'idée, bien sûr, ne serait-ce que de penser à demander de l'aide. Bien trop fier et surtout bien trop égoïste pour partager.

C'était dans l'ivresse alors qu'il se grisait pour oublier la couleur qui lui faisait tant de mal. Dans le rouge qu'il cherchait la grisaille. Assis invariablement sur les bords de cette fontaine. Il y dormait, y mangeait, y passait tout son temps. Il ne s'absentait qu'extrêmement rarement, jamais plus d'une heure. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il grêle, il s'accrochait à ce lieu. Dans ce que la plupart du monde appellerait le 'fond'
, lui s'y sentait chez lui. Il se contentait d'être.

Les coutumiers du parc étaient habitués à son ivresse, à son odeur.. moins les forces de police. Alors régulièrement celles-ci venait le déménager manu-militari et même s'il ne se laissait pas faire il devait, à chaque fois, laisser sa place un jour ou deux. Mais cela ne le touchait guère car il avait déjà, depuis longtemps, laissé gravure indélébile sur la roche de la fontaine.


"Ici nageur en douleur spécifique"

Signé, "L'Ange Punk". "Il est né Ange, il s'est nommé punk", disait-elle.



Un après-midi, après une séparation forcée avec son coin, le jeune homme vint reprendre possession des lieux. Il posa sa bouteille à moitié vide, posa son tabac près du rebord du jet d'eau lorsqu'il s'aperçut qu'un papier était glissé dans un des creux de la vasque. Son premier réflexe fut de vérifier qu'il avait bien le premier papier, celui de... Il l'avait -soulagement. L'excitation rendait ses mains tremblantes et maladroites, si bien qu'il manqua de le noyer dans l'eau. Enfin il ouvrit le bout de papier -non sans nervosité et le lu.

"C'est dur, pourtant, d'être libre comme toi."
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MessageSujet: Re: Twisted   Twisted Icon_minitime

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