Subornation

Subornation

n.c. fém :

Littér., vieilli. Manœuvre par laquelle on s'efforce de détourner quelqu'un de son devoir.

DR. PÉNAL. Infraction, sanctionnée pénalement, consistant à inciter un témoin par promesses, menaces, pressions ou toute autre manœuvre, à ne pas déposer ou à produire une déclaration mensongère en justice.

I - Necroman

II - Le crève-cœur

III - Chute du rideau

I- Necroman

*

« Allez-y, sortez, puisque c'est l'heure. »

Et Arthea, accompagné par ses camarades, feignant de n'avoir déduit des mots de l'enseignant qu'une annonce de la fin du cours, avait rangé ses affaires, balancé son sac au-dessus de son épaule, et prit soin d'éviter le regard assassin de son professeur d'histoire de Desertica en quittant la classe.

Il avait dix-sept ans, et était en terminale au lycée d'Inam, la ville à laquelle ses parents, gouverneurs de la région, avaient tant apporté.
Il ouvrit la porte, prit à gauche dans le couloir, et s'engouffra dans la foule des élèves en week-end, impatients qu'ils étaient de le savourer. Le jeune homme ne l'était pas moins, car il savait que vendredi soir rimait avec sortie initiatique. Quelques-unes de ses connaissances, elles aussi perdues dans la masse, le saluèrent, mais ce fut le mot de Kija, une jolie blonde au sourire éclatant qui faisait partie de sa classe, qui le ravit le plus. Avec ce simple «salut !» encore en tête, Arthea mit les pieds dehors, et se baigna dans la lueur du soleil d'été que le soir avait embelli de sa couleur safran. Rien ne pouvait être plus beau, aujourd'hui.

En effet, en rentrant chez lui, après s'être débarrassé de son sac et en avoir extrait les quelques attributs requis pour sa soirée, le jeune Heqat arborait lui aussi le plus pur des sourires.

C'est à vingt heures que le rassemblement se fit. Glissé parmi ses participants d'une robe noire vêtus, un «N» rouge ornant son épaule, Arthea savourait sa seconde réunion de la guilde Necroman.

« Le rappel d'une âme, commença le meneur, nécessite bien plus que du savoir. »

L'assemblée était captivée. Encapuchonné — nul ne pouvait se vanter de connaître son identité — l'homme pesait ses mots, débitant intelligemment son monologue, faisant de chaque spectateur son sujet, l'invitant à se joindre à son esprit tortueux, à y lier le sien, et ainsi contribuer à l'avancement de la forte croissance que connaissait l'association qu'il avait mise sur pied. Ses pas résonnaient avec mélodie sur le plancher de l'estrade improvisée qui était devenue le centre de l'attention. Et cette mélopée, semble-t-il, en entraînait plus d'un ; l'on devinait derrière leurs yeux hagards qu'en les profondeurs abyssales de leurs esprits, ces recoins-même dont les Necromans cherchaient la clé, l'on devinait, dis-je, que ces hommes et femmes ici présentes se complaisaient déjà en la vision théorique et malheureusement peu probable d'une utopie dont ils seraient les protagonistes. Mais qui sait combien d'entre eux réussiraient, combien iraient jusqu'au bout. Car...

« Car redonner vie à une personne n'est absolument pas ce que l'on pourrait appeler un loisir ! »

Le sourire béat qu'arboraient certains rapidement s'effaça, au profit d'une attention décuplée et, peut-être, d'une once de déception. L'homme continua :

« Nous parlions donc de savoir. Je vous l'enseignerai, comme je l'ai promis la dernière fois. Mais sachez qu'il faudra aussi énormément de concentration et de force mentale. Aussi n'accepterai-je guère que les prétendants ici présents qui manqueraient d'une qualité d'assimilation extrême ou des deux attributs que je viens de citer continuent à fréquenter ces réunions à l'avenir. »

Son ton avait été catégorique, si bien que des gémissements étouffés s'étaient fait entendre dans la masse brune et opaque qui se pressait devant le piédestal, et l'on avait discerné des silhouettes frémir sous leurs robes. N'y payant nulle attention, le meneur enchaîna sur ce qui lui paraissait particulièrement important.

« Bien. Continuons donc. Il nous reste... ou plutôt, il vous reste, appuya-t-il avec un rire nerveux, deux ingrédients à citer. J'ai nommé : l'implication, et surtout la détermination. Comme je le disais plus tôt, la nécromancie n'est pas sujette aux plaisanteries. Chaque neurone, chaque nerf, chaque sentiment, lors de l'intervention, doit être braqué sur son ultime but : la résurrection !
Rappelez-vous : avant que la pièce ne se joue, si vous n'êtes munis de ces deux sentiments, alors à coup sûr ce sera la personne que vous cherchez à ramener qui en subira les conséquences... ou bien vous-même. »

Cette fois-ci, les pleutres et les incertains ne cherchèrent guère à camoufler leur crainte. L'assemblée avait saisi le message, chacun n'avait plus en tête alors que ceci...

« Compris ? Alors commençons. »

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