Le temple d'Isthar
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Le temple d'Isthar

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 Passés Troubles

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Kami




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MessageSujet: Passés Troubles   Passés Troubles Icon_minitimeSam 7 Mar - 22:41

Il existe en chaque homme une part de ténèbres refoulées. C’est un fait, nul ne peut dire le contraire sans mentir. Au final réfléchir ainsi ne m’aidera pas à m’en sortir…

Palais du Kamagma - Appartements privés du gouverneur.

Ma muse s’est endormie. Cela se sent à son souffle. Je devrais faire de même, mais je ne veux pas. J’ai peur d’y retourner seul, mais je sais qu’il ne peut en être autrement. Je suis le seul à être habité par les ténèbres. Cela fait environ 14 ans que je leur ai ouvert mon cœur. Je croyais qu’elles m’apporteraient la vérité, qu’elles sauraient me guider mieux que quiconque car j’étais alors l'un des rares à croire en elles. Finalement je ne reçut rien de cela. Pas de vérité, pas de souvenirs, je suis devenu un homme froid, consumé par mes désirs. Mon seul espoir réside en May…

Je sens mon corps s’affaisser.
Je m’endors à mon tour.
Je sombre à nouveau dans les ténèbres.
Je me sens chuter dans leurs abysses.

Puis le noir se dissipe. Le cauchemar recommence…
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Kami




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MessageSujet: Re: Passés Troubles   Passés Troubles Icon_minitimeSam 7 Mar - 22:42

Comme à l’accoutumée, j’étais propulsé dans l’un de mes souvenirs. Même si j’avais horreur de revivre ces moments – car cette saleté avait toujours réussi à choisir les pires moments de ma vie -, j’étais tout de même curieux de voir où j’allais atterrir… Cela faisait un moment que je n’étais pas retourné dans les ruines, peut être seraient-elles ma prochaine destination.

En un instant, ma chute se stoppa –toujours aussi brusque, la chose- et tout aussi rapidement le décor fut dévoilé. Ah, l’enflure, elle me ramène là bas…
pensais-je. (Vous saurez bien assez tôt de quoi je parle.)

Me voilà donc devant un miroir, dans mes appartements, me contemplant vêtu d’un costume flambant neuf alliant le blanc, couleur de l’espoir et du bonheur et le vert, symbolisant le renouveau. A l’extérieur, une troupe de musiciens jouait des airs entraînants pour occuper les convives avant la célébration.

Alors que je regardais avec anxiété l’anneau d’or orné d’aigues-marines que j’allais offrir dans quelques instants à ma bien-aimée, une servante fit irruption dans la chambre, m’informant du début de la cérémonie.

Je me dirigeais donc vers les jardins, où tous les convives avaient pris place. Je passai sous la voûte végétale séparant l’autel du reste des jardins et m’avançai d’un pas lent jusqu'au prêtre, sous les applaudissements des invités. Comme les traditions le voulaient, je me retournai et m’agenouillai, vers celle à qui je m’étais promis : May. Elle se tenait juste sous la voûte, vêtue d’une robe aux milles reflets. Elle souriait. Que je aimais ce sourire… Il me faisait oublier l’espace d’un instant le mal qui me frappait. Cette douce femme s’avança à son tour. Nous étions désormais réunis devant l’autel.


Mes enfants,
Nous sommes réunis en ce jour pour célébrer l’union sacrée de deux d’enfants d’Arayàt…


Pendant que le prêtre continuait son office, nos regards se croisèrent. Je lisais dans ses yeux la promesse d’un bonheur que je cherchais depuis longtemps. Alors que je sombrais dans mes songes, May me prit la main, inclina légèrement la tête sur le coté en souriant de plus belle.

…Si quelqu’un s’oppose à leur union, qu’il parle maintenant ou qu’il se taise à jamais.

Je m’y oppose, mon père, hurla un homme qui venait d’apparaître au fond de l’assemblée. Il s’approcha, accompagné d’hommes armés. Kami, sale traître ! Tu vas payer cher l’assassinat de notre chef.

Je restais de marbre face à cette intrusion. May me regardait apeurée.

Je tenais tout de même à te remercier, cher gouverneur. Si tu n’avais pas baissé ta garde, nous ne serions jamais passés. Maintenant, si tu ne souhaite pas avoir de morts à pleurer, tu va gentiment nous suivre.

N..Non n’y va pas, lança May en sanglotant.

Je séchai les larmes coulant lentement sur son visage.
Ne crains rien ma douce. Je serai bientôt de retour…

Ils m’encerclèrent et m’emmenèrent hors des jardins. En me retournant une dernière fois, je vis May effondrée, pleurant toutes les larmes de son corps. Puis tout devint flou. Lorsque je repris mes esprits, j’étais enchaîné et soumis à une forme de torture que je connaissais bien…

Alors que chacune des blessures semblait se réouvrir dans une douleur sans pareil, l’environnement disparut dans une volute de fumée. L’obscurité se fit de nouveau épaisse, alors que mon esprit me transportait vers le deuxième acte…
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Kami




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MessageSujet: Re: Passés Troubles   Passés Troubles Icon_minitimeVen 4 Sep - 13:32

Je me retrouvais maintenant aux commande d’un chasseur, un modèle MX48 à bi-propulsion nucléaire. May occupait la deuxième place du chasseur. J’en déduisais aisément qu’il n’y aurait pas de combat spatial, car je m’étais toujours employé à ne pas envoyer May au front.

Alors que nous volions aux abords de Vertana, une magnifique série de voyants apparurent, m’informant d’une fission incontrôlée et par conséquent, du risque d’explosion imminente de l’appareil. Instinctivement, je pressais la commande de sécurité bloquant la réaction. Sans réacteurs, je n’avais pas d’autres choix que de me poser à terre.

L’engin se stabilisa dans une petite clairière au beau milieu de la forêt. Nous nous extirpions de l’appareil. Je me saisis de mon Neg-Com (appareils de communication utilisé sur le Kamagma) et après quelques minutes d’attentes, je réussis à établir une communication avec une base de l’Etat. Il fallait avouer qu’en terme de « trou paumé », on pouvait difficilement faire mieux…


Ici le capitaine Ra, je vous écoute.

Capitaine ? Ici le sergent Kami. Peut-on m’expliquer pourquoi mon appareil à faillit exploser en plein vol ? Pas de réponse. POURQUOI CES FOUTUS MECANOS N’ONT PAS FAIT LEUR BOULOT ?

Je..Je ne sais pas sergent, bredouilla Ra.

Bien, venez nous chercher immédiatement. Je veux également les noms des incapables qui auraient du s’occuper de ce chasseur.

C’est à dire que.. Tous nos vaisseaux sont en mission sergent.

RAPPELEZ-LES ! Je vous laisse un jour pour venir nous chercher. Fin de la transmission.

Alors que je m’écartais de l’appareil, j’aperçut May plus radieuse que jamais. Cela faisait tellement de temps que je lui avais promis de l’emmener sur la planète verte. Je m’approcha d’elle.

Merci. Elle m’enlaça. Mais tu aurais pu de prévenir qu’on allait passer du temps ici. Et puis, tu devrais être plus gentil avec le capitaine Ra, ce n’est pas de sa faute si les réacteurs sont tombés en panne… me dit-elle toujours aussi souriante.

Elle n’avait pas mesuré l’étendue du danger, comme à l’accoutumée.


J’ai vu une cascade là-bas, elle montra du bout du doigt la direction,
je vais m’y baigner. Tu viens ?

Je vais m’assurer que nous sommes seuls. Je te rejoins d’ici une demi-heure.

Elle leva les yeux au ciel et soupira, avant de s’éloigner. Pour ma part, je me saisis de mon revolver et partis dans la direction opposée. Après une demi-heure de marche, je conclus que la zone était belle et bien vide de toute présence. Je me dirigeai donc vers la cascade où se trouvait May.

Je compris immédiatement pourquoi cette planète était souvent qualifiée de magnifique dans les livres traitant du sujet. La cascade en question semblait jaillir de la roche comme si la magie l’avait transportée là. L’eau, limpide, retombait dans un lac et les quelques plantes qui y poussaient embaumaient l’air de parfums enchanteurs. Je remarquais également la caverne se trouvant juste derrière la chute d’eau.

Au moment où je m’approchais, je surpris ma bien-aimée se baignant dans la plus simple tenue qui soit. Je m’assis donc à proximité et la contemplai.


As-tu trouvé ce que tu cherchais ? me lança t-elle en feignant l’indifférence.

Il faut bien assurer notre sécurité…

Oublie le travail… Nous sommes SEULS et au milieu d’une jungle inhabitée. Laisse toi aller que diable !

Sur ces mots elle se leva et avança sous la cascade en chantonnant. Je devais admettre qu’elle avait raison. Pour une fois que personne ne pouvait nous déranger…

Je me dirigeai vers la caverne et y déposai mes vêtements. Je m’approchai derrière elle, et posai mes mains sur ses hanches. Elle rougit. Je sentis ses mains glisser sur les miennes. Elle se retourna, un sourire s’esquissant sur son visage.


Tu en auras mis du temps pour comprendre… me murmura t-elle.

Nos visages se rapprochèrent jusqu’au moment où nous nous embrassâmes tendrement. C’est à ce moment où nos désirs inavoués refirent surface. Je sentais son corps se cambrer à chaque dose de plaisir que je lui insufflais, battant la cadence d’une guerre où nos armes se réduisait aux caresses de deux amoureux. Au fur et à mesure que ma langue parcourait chaque courbe de ce corps à mes yeux parfait, elle resserrait son étreinte. Au moment où, pris dans un élan de bestialité, mes lèvres s’abattirent sur seins, j’entendis quelques gémissements étouffés annonçant une autre scène, toujours plus sensuelle de cette parade amoureuse. Ce ne fut qu’à l’annonce de l’aube que nos langues se délièrent pour retomber dans une forme de latence précédant un sommeil à ses côtés.

Les premiers rayons du soleil me réveillèrent. Lorsque j’ouvris les yeux, elle se tenait là, souriante, toujours en tenue d’Eve, et me tendait un fruit fraîchement cueilli.


Pour mon héros, me murmura t-elle, en se blottissant contre moi.

Ce doux moment semblait pouvoir durer une éternité. Malheureusement, des bruits de pas, et des voix rauques m’obligèrent à mettre fin à l’idylle. Nous nous habillâmes rapidement et sortirent pour voir que quoi il s’agissait. Ils étaient quinze.


Les voilà ! Préparez-vous !

Tout recommençait… Je dégainais, et me plaçai devant May, pour une fois de plus la protéger.

Vous allez payer de votre vie cette imprudence, ajouta un homme.

Que nous reprochez-vous au juste, lançais-je décontenancé.

Le premier à avoir parler reprit : Vous avez osé souiller l’un de nos sanctuaires sacrés. De plus, je perçois en toi le mal. Quant à cette femme… Elle est accusée de trahison envers ses pairs, et le fait d’être à tes côtés n’arrangent en rien son cas….

Des elfes… Je sortis ma dague, et admirai les rayons de l’astre du jour se refléter dessus. A vrai dire, je me moquais pas mal de leurs lois, contrairement à ma compagne. D’ailleurs, je remarquais que May avait rougit lorsque l’elfe s’est adressé à elle.

…. D’après nos lois, je condamne donc l’homme à mort. Mayhlissa, tu vas nous suivre. Tu n’as rien à faire une créature aussi pitoyable que l.. Arg.

Ma dague se planta dans sa gorge. May semblait stupéfaite, les autres guignols étaient pris au dépourvu.

Tais-toi, tu m’insupportes.

Je me rapprochai et m’accroupis aux côtés du moribond. Alors que je saisissais le pommeau de mon arme, je ressentais une sensation étrange. Un immense plaisir, presque aussi intense que lors de mes ébats de la veille… Ce sang qui coulait entre mes doigts faisait renaître en moi les pulsions de sang que j’essayais de réprimer en temps normal. Sauf qu’aujourd’hui…

Son regard ! hurla un elfe.
Il n’est pas humain ! ajouta un second.
Un..un démon ! renchérit le troisième.

Et les quatorze elfes encore en vie s’enfuirent aussi vite que leurs jambes le pouvaient. Je me retournais vers May. Elle avait également peur de moi. Elle recula. Elle cherchait à me fuir.


Tu.. tu n’es pas l’homme que j’aime… Vas..vas-t’en, bredouilla t-elle.

Je ne comprenais plus. Toujours est t-il qu’elle venait de me porter un coup, et bien que cette blessure ne se voyait pas, j’en souffrais.


Pourquoi ? hurla t-elle.

Cette scène s’arrêta sur cette nouvelle blessure. Alors que je commençais à encaisser de plus en plus difficilement chaque plaie que la chose créait en moi, je me rendis compte qu’elle me transportait vers l’acte trois, là où tout allait se terminer.


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Kami




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MessageSujet: Re: Passés Troubles   Passés Troubles Icon_minitimeVen 4 Sep - 13:47

J’ouvrais les yeux. J'étais maintenant dans une tente au centre de laquelle se trouve une table ainsi qu’une holocarte représentant les ruines d’Illid. Ce lieu était une base avancée des rebelles. En réalité, je ne venais pas pour faire une expédition punitive, mais parce qu’ils m’avaient enlevés quelque chose qui m’était cher.

Deux officiers entrèrent dans la tente et se placèrent autour de la table.


Comme nous le craignons, ils se sont terrés dans les chambres secrètes au cœur des ruines. Nous n’avons d’autre choix que d’y aller avec les hommes pour la chercher.

Bien, Nightmare, as-tu préparé ce que je t’avais demandé ? dis-je en lui lançant un regard inquisiteur.

Et comment ! Pour une fois qu’on peut se faire plaisir. Au moment où vous sortirez, nos artilleries placées sur les collines feront feu sur la structure. Ces chiens seront pris à leur propre piège.

Parfait. Voici les ordres : Mayhll, toi et tes hommes vont entrer par la galerie principale. Votre but sera d’aller vers la salle où ils la retiennent prisonnière et de la délivrer. Ensuite vous couvrirez notre retraite.

Entendu, répondit le premier officier.

Nightmare, tu vas envoyer une équipe de saboteur dans la galerie principale. Ils devront nous créer le trajet le plus court possible. Ensuite tu sais ce qu’il reste à faire…

Pas de problèmes.

Pour ma part, je rentrerai par les galeries annexes de manière à les prendre à revers. Départ d’ici 20 minutes. Vous pouvez disposer.

Tiens bon May, murmurais-je.

Eh Kami ? Nightmare s’approcha et me tapota l’épaule. On va te la récupérer ta dulcinée.

Je lui adressai un sourire, et il se retira. Vingt minutes plus tard, je me dirigeai vers Nightmare et Mayhll, et nous nous mirent en route pour les ruines. L’instant d’après, nous nous séparâmes devant l’ancienne bâtisse et je m’infiltrais seul par un petit passage étroit. Je ne savais pas vraiment vers quoi je me dirigeais, mais d’après nos éclaireurs, ce conduit menait directement à la salle où May se trouvait. […]
Déjà quarante minutes de marche et je ne voyais toujours rien. Cela commence à m’inquiéter. J’aperçevais tout de même une faible lueur à environ cinquante mètre. Je m’extirpais du conduit par un petit orifice. Je remarquais la présence de rebelles dans la salle, aussi je décidais de me cacher derrière des rochers tombés au sol et d’observer de ma cachette la scène.




May se trouvait également ici, accompagnée par six rebelles. Elle ne semblait pas être blessée, et cela me réconfortait. Il me restait plus qu’à attendre les hommes de dame Mayhll. Je sortis tout de même mon revolver et visait le rebelle qui retenait ma bien-aimée captive.

Hmm, qu’avons-nous là ? s’exclama l’un des rebelles. Alors, je sens que l’on va s’apprécier chérie, bwahahaha…

Il s’approcha et commença à poser sa main de plus en plus près des attributs naturels de May. L’elfe rougit gênée, serra les poings puis gifla ce malotru en lui hurlant un
« ‘Me touche pas ! » sur un ton si autoritaire que j’en fus bluffé. L’homme visiblement décontenancé recula d’un pas puis se saisit d’une lame. Il revenait. Il la menaçait. Je tirai, et la balle lui explosa le crâne. A ce moment, je bondis de ma cachette et engageai le combat. Un contre cinq, la bataille semblait perdue d’avance… Et les renforts arrivèrent.

Puisque c’est ainsi… C’est elle qui payera, lança l’un des rebelles.

Puis, je vis l’énergie qui affluait au bout de ses mains. Je courus pour protéger May. Le sort… Mon bras… Tout s’était passé si vite. Je m’interposai et je sentis ma main droite exploser. Je m’écroulais au sol.


Ha ha ha, que par cette magie, l’hérétique soit maudit jusqu'à la fin de ses jours, hurlait le mage.

Je ressentis la secousse provenant des profondeurs de la battisse, et le sol s’effondra me faisant tomber dans les abysses de la structure. Je m’évanouis. […]

J’entendais mes frères se retirer. Au moins, elle était sauve, pensais-je. Je fis un rapide bilan de mon état : en dehors de ma main droite, maculée de sang, il n’y avait que des blessures légères. Je me relevai, difficilement, et marchai dans les catacombes pour trouver une sortie. […] Ce fut plus facile que prévu. Les catacombes débouchaient directement dans la galerie principale. J’apercevais mes frères non loin de l’extérieur. Je les rejoins. May sauta à mon cou.


Kami, merci d’être venu. J’ai.. j’ai eu si peur…

Bien, partons d’ici ma douce. Ce n’est pas un lieu convenable pour une dame de ton rang.

Nous nous relevâmes. Soudain, j’entendis de tirs, une multitude de tirs. Je plongeai sur ma compagne pour lui éviter toute blessure.

Trois balles traversèrent mon corps. May se releva.
Non, reste au sol, hurlais-je. Puis, trois autres balles la touchèrent. Son corps était pris d’un spasme à chaque impact. Le décor disparut. May s’effondra.

Nooooooooooon ! Je rampais vers elle. Deux points vitaux avaient été touchés. Un filet de sang coulait par sa bouche. Je la serais contre moi.

Kami… Je..je.. …t’aime… Sa tête retomba ; la vie l’avait quittée.



Maaaaaaaaaaaaaay !

Je me réveillai brusquement. Une main froide me retint. May était là près de moi et me regardait inquiète. J’étais allongé dans mon lit sanguinolent, et je sentais mes forces décroître. Ma respiration était de plus en plus difficile…

Kami… Par pitié… L’équipe médicale arrive. Tiens bon.

La porte s’ouvrit violemment ; les médecins entrèrent. C’était comme si je m’élevais. J’entendais au loin la machine des infirmiers retranscrire les battements de mon cœur.

Bip.

Kami, ne me laisse pas…

Bip.

Il va nous lâcher !

Bip.

Putain, elle arrive cette injection ?

Bip.

Bougez-vous, on a plus le temps !

Bip. J’entendis la porte de la chambre s’ouvrir à nouveau. Bip. Bip. Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.
Adieu.


Dernière édition par Kami le Ven 4 Sep - 14:48, édité 1 fois
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Kami




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MessageSujet: Re: Passés Troubles   Passés Troubles Icon_minitimeVen 4 Sep - 13:51

Noir. Encore du noir. Rien que du noir. J’aurais préféré m’éteindre en une autre occasion. Loin de tout, loin de toi. Ainsi je n’aurais pas accentué la peine que tu essayais de me cacher. J’avais eu vent de ce que je n’aurai jamais du savoir.

-Je suis désolé, vraiment. Pardonne-moi May…
Il existe en chaque homme une part de ténèbres refoulées… Et aujourd’hui elles ont gagné.-

Mourir était une sensation étrange. Maintes fois j’avais semé la mort ici et là. A chaque fois, je lisais sur le visage des moribonds de la peine, et une immense peur. Pourtant, je n’éprouvais aucun de ces sentiments. Juste de la sérénité, comme si le moment que j’attendais depuis si longtemps approchait. Au fur et à mesure que je m’élevais, je me sentais sombrer dans les ténèbres les plus profondes. […]

-J’ignore encore si ce que je vais vous relater s’est réellement passé ou s’il s’agit simplement d’un énième stratagème de mon esprit pour imiter les souvenirs que les ténèbres m’ont arrachés.- […]

Je perdais peu à peu la notion du temps. Je suivais simplement un chemin déjà tracé par mes prédécesseurs, vers cette idyllique lumière, lieu saint où mon âme panserait ses blessures une éternité durant. Je revoyais ici et là quelques images de ma vie passée, apparaissant par flashs successifs. Quelques fois, je me sentais mal, mal pour ceux que j’avais laissés derrière moi et qui m’avaient toujours offert un soutient inébranlable. D’autres fois, je me disais que de toutes manières, il fallait bien s’arrêter un jour, avant de commettre l’irréparable.

Une dizaine de pas me séparaient de l’attrayante lumière.

Neuf. Je ressentis une présence derrière moi.

Huit. Le don me permit de percevoir celles qui tenteraient de me faire entendre raison. Déterminé à disparaître, j’avançais.

Sept. Trop tard, les deux femmes me barrèrent la route. Ailtora, fille du soleil et sa sœur jumelle, Méreïde, gardienne de la nuit, se tenaient devant moi. Il était évident que ma mort s’annonçait plus compliquée que prévue. La première des deux brisa le silence.


Je ne comprendrai jamais ces pauvres humains. Ma mère leur offre vie et prospérité, et ces pitoyables créatures tentent de tout gâcher.

Ma chère, l’éternité est probablement le plus beau présent qu’ils puissent obtenir de nous. Je comprends leur choix, et l’idée de guider cette âme dans mon royaume m’est pour le moins plaisante. Ce genre d’invités devient rare, laisse-moi donc l’ajouter à ma collection.

N’y compte pas. Ce choix lui appartient, et je tiens à ce que la loi de la déesse-mère soit respectée.

Les deux femmes se tournèrent vers moi, comme si j’étais leur prochain sujet de dispute. Tandis qu’Ailtora me dévisageait, je perçut le sourire bienveillant de sa sœur. J’étais irrémédiablement attiré vers le pendant sombre du soleil.

Pourquoi ? lança sèchement Ailtora.

Ce mot, tranchant, percuta mon esprit telle une bombe qui venait d’exploser. Je me sentis immédiatement agressé, ce qui refit jaillir la haine aveugle qui m’habitait.


Pourquoi cherches-tu à disparaître, humain ? Ne trouves-tu pas que la vie est mille fois plus belle et plus sûre que cette félicité illusoire vers laquelle tu te tournes ? Le bonheur ne te convient-il plus ?

Le bonheur ? Je le cherche depuis tant d’années. Ce mot n’a plus de sens pour moi. D’ailleurs, plus rien n’a de sens. Vous ne pouvez comprendre nos souffrances, puisque vous êtes incapable d’en ressentir le centième.

Tu mens, trancha la fille du soleil. Si ta souffrance se trouvait être insupportable, ma mère t’aurait soulagé de celle-ci. Quel était ton but ?

Je n’en avais pas, avouais-je presque honteux. Je n’en ai jamais eu. J’ai toujours été perçu comme une arme, prête à détruire sans rien attendre en retour. J’erre sans aucun but, tuant ici et là ceux qui ont l’imprudence de me retenir. Je souffre de ne pouvoir vivre comme un simple humain. Je souffre au point que la vie elle-même me répugne.

Je montrais mon bras droit aux deux femmes. Celui-ci était blanchâtre, on y discernait les veines qui se teintaient progressivement de noir, si bien que ce membre semblait gangrené. Ailtora restait de marbre, tandis que sa sœur souriait de plus belle.

Regardez. Voilà l’étendue de mon bonheur. Je pourris lentement, et il n’existe aucun remède à mon mal. Mon corps tend à devenir un cadavre doué de vie. Mon cœur est consumé par les ténèbres. Peu à peu, elles me forcent à devenir un instrument de mort, leur instrument. Laissez-moi donc disparaître afin que mon âme trouve enfin le repos.

Je sentis Méreïde se rapprocher. Sa main se posa sur mon épaule, puis effleura mon torse, comme si elle m’invitait à la suivre, ce que je fis.

Six. Cinq. Quatre.


Embrasse ta destinée, mon frère. Embrasse l’éternité. La voix de la gardienne de la nuit se fit plus douce, plus entêtante. Un simple baiser suffira à me confirmer ce que ton âme hurle. Viens à moi mon ami. Je te guiderai vers ce repos tant attendu. Je te guérirai de ces maux ; plus jamais les ténèbres ne t’accableront. Viens donc, je t’attends.

Trois. Deux. Un.

Attends Méreïde ! Je ne te laisserai pas le corrompre. Il n’a toujours pas fait son choix, et je ferai en sorte qu’il ne se trompe pas.

Il est à moi, comme tous les autres !

Je m’apprêtais à rejoindre celle qui allait être ma nouvelle maîtresse lorsque je me stoppa. Ailtora me retenait, comme si elle ne voulait perdre le duel contre sa sœur.

Laisse-moi simplement te montrer ce que tu perdras en la suivant. Si tu souhaites encore rejoindre le royaume des morts après cela, j’accepterai ton choix.

Méreïde fusilla du regard sa sœur. Alors que je sombrais à nouveau dans mes souvenirs, j’entendis les deux jumelles se disputer.



Palais Kaméen – Chambre du gouverneur (Infirmerie)

Les médecins avaient fini leur office. Mon corps était branché à diverses machines, pour m’arracher à la mort. Apparemment, mon état était stabilisé à défaut de s’être amélioré. May pénétra dans la chambre. Elle regarda mon corps, effrayée, puis se rapprocha d’un médecin.


Comment vas-t-il ? dit-elle d’une petite voix, comme si elle ne voulait me réveiller.

L’homme haussa les épaules.
Pas très bien, s’il ne s’appelait pas Kami, je dirais qu’il ne lui reste que quelques heures, peut être moins.

May marchait lentement, et s’approcha des perfusions. D’un geste précis, elle coupa les câbles me reliant aux liquides. Le médecin hurla qu’à cause d’elle j’allais sûrement mourir. La femme sanglota.

S’il doit disparaître, je souhaite qu’il ne souffre pas. Maintenant partez, je veux être seule.


Dernière édition par Kami le Ven 4 Sep - 14:53, édité 1 fois
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Kami




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MessageSujet: Re: Passés Troubles   Passés Troubles Icon_minitimeVen 4 Sep - 13:57

Kami ? Kami ? Où es-tu ?

J’ouvris les yeux, alerté par la voix d’une femme. Je me tenais debout, sous une tente - du moins cela y ressemblait -, devant une carte de la forêt vertanienne. Ou étais-je ? L’environnement ne m’était pas familier. J’examinais minutieusement chaque objet s’offrant à ma vue en quête d’indices. J’en conclus rapidement que j’étais, une fois de plus, parti au front.

Kami ?

Une ombre se dessina sur la toile de ma tente. Deux mains écartèrent le tissu, puis la femme entra. May ? Mais que faisait-elle ici ? J’avais toujours pris soin de ne pas l’emmener lors de mes manœuvres militaires, pour sa sécurité. Je ne comprenais plus. Je ne me souvenais plus.

Ah. Tu es là. Elle me souriait. Les autres t’attendent. Ils disent qu’ils ne peuvent commencer à célébrer leur victoire si le chef n’est pas présent.

Je sortis donc de ma tente, et me dirigeai vers un groupe composé de soldats et de pilotes. Ils s’étaient assis autour d’un feu de bois, une choppe à la main et discutaient de sujets divers, mais surtout de la précédente bataille. Ils ne pouvaient s’empêcher de se remémorer les « bons moments » tout en raillant l’armée vaincue, dont l’unique survivant était enfermé dans une cage, à quelques mètres d’eux. L’homme portait une robe verdâtre. Sa tenue, et ses yeux dont le bleu ressemblait étrangement à ceux de ma femme, illustraient sa maîtrise des arcanes. Il nous fixait avec un sourire mauvais, comme si la guerre n’était pas encore terminée. Je n’y attachais que peu d’importance : A la moindre bêtise de sa part, mes hommes l’abattrait.
La soirée se passa sans problèmes particuliers. Les soldats, complètement ivres, s’endormirent assez rapidement, à mon grand soulagement. Je fis de même, aux côtés de ma bien-aimée.

Soudain, nous entendîmes des hurlements, puis des bruits de pas… Et plus rien. Que se passait-il ? Je dégainai mon revolver, et sortit le plus silencieusement possible. Sans nuls doutes, May était terrifiée, cela se lisait sur son visage. Elle préféra me suivre.

Très rapidement, nous trouvâmes celui qui troubla notre sommeil, sans vie. D’étranges fleurs aux multiples couleurs avaient poussé sur son corps. Leurs tiges sortaient de sa bouche, de ses oreilles, et là où il n’y avait d’orifices, elles avaient percé l’enveloppe charnelle. Je pensais immédiatement au mage, j’étais presque certain de sa culpabilité, mais je compris très rapidement qu’il s’était lui aussi assoupit. May et d’autres hommes, intrigués, en profitèrent pour cueillir ces fleurs. Ma femme avait toujours apprécié la nature. Ce fut une grave, très grave erreur. […]

Le lendemain, la quasi-totalité de mon effectif avait succombé à ce mal étrange. Le campement devenait peu à peu un champ de fleur, au grand plaisir de ma femme. Être tué par des fleurs… Le simple fait d’y penser me faisait froid dans le dos. Comment la nature pouvait être aussi effroyable ?

Midi. L’astre du jour était au zénith. Ma femme fut subitement prise de nausée, puis de fièvre. Son état m’inquiétait. Tous étaient en bonne santé au départ. En une journée, ils étaient tous morts. Je n’avais jamais rien vu d’aussi virulent.

J’allongeais doucement May sur un lit de camp devant ma tente. Ainsi, je pouvais garder un œil sur elle, et essayer d’utiliser mes maigres compétences en médecine si son état empirait.


Kami… me… laisse… pas, murmurait-elle. Froid… aaaaaaah…

Son cri… Un cri de douleur qui me fendit le cœur. J’étais impuissant. Je m’en voulais de l’avoir emmené. Alors que je la regardais, angoissé, je pris conscience de la présence du mage. Il me fixait, toujours avec ce sourire méprisant. Apparemment cela l’amusait. Je m’approchais de lui.

Elle se porte bien, la petite ? me lança t-il. Je perçus une étincelle dans son regard ; il se moquait de moi. J’ouvris la cage et l’en fit sortir.

Maintenant, on va arrêter de jouer, dis-je sèchement. Je sais que tu es mêlé à cette… cette chose !

Je ne vois pas de quoi tu parles, gamin, me dit-il indifférent.

C’était le mot de trop. Je me saisis de ma dague et le menaçai. J’étais persuadé qu’il était coupable de tout cela. Je n’eus pas le temps de percevoir le sort qui me frappa. L’instant d’après j’étais au sol et désarmé. Le mage s’accroupit auprès de May et l’examina.


Hum… La graine commence à germer. C’est trop long… Nous allons accélérer le processus, petite, si cela ne te dérange pas.

Sur ces mots, je dégainai mon revolver et tira sur l’homme. Il releva la tête dans ma direction, puis disparut. Un deuxième sort me percuta. Mon revolver retomba quelques mètres plus loin. Je me relevai lentement et me plaçai entre May et lui.

Je ne te laisserai pas faire, hurlai-je.

Vraiment ? D’un geste, il arracha un cri de douleur à la jeune elfe. Admire-la. Sa mort approche à grands pas. Lorsque la première fleur aura éclose, il sera trop tard.

Je n’arrivais plus à me contenir. Plus le temps passait, plus ma haine croissait. Jusqu’au moment où mes dernières limites furent atteintes…

Tu vas crever !

…Et ce fut l’explosion. Mon corps s’enveloppa d’une épaisse brume. A vrai dire, il en faisait partie intégrante. Les sorts que le mage eut l’audace de lancer me traversèrent sans me blesser. J’avançai vers lui, et rien ne pouvait m’arrêter. Dans un ultime assaut, l’homme tenta de faire pousser ses immondes fleurs sur ma main, sans succès. Au contact des ténèbres m’entourant, les tiges pourrirent.

… N’approches pas ! Vas t-en ! A.. A l’aide !!

Tue-le… Sang… Plus de sang… TUE-LE !!
Cette voix… Je ne pouvais plus me contrôler. J’étais soumis à leur volonté. Ma main se posa sur ses tempes. Puis d’un mouvement précis, je lui ôtai la vie. […]

May se leva et voulut me rejoindre. Sa démarche, chancelante, illustrait l’état dans lequel se trouvait l’elfe. Elle se retenait à tous les objets qu’elle trouvait sur son chemin. Lorsque enfin elle arriva à ma hauteur, la femme se laissa tomber dans mes bras, à bout de forces. Un simple contact avec sa peau douce, être effleuré par son aura me suffirent à trouver la force de combattre l’ombre. Je redevenais maître de moi-même.


K…kami…

L’elfe perdait peu à peu conscience. Je remarquais avec stupeur la tige qui lui perçait l’avant bras pour s’enrouler autour du poignet. Bientôt les premiers boutons apparaîtraient, scellant à jamais le destin de ma femme.
Je lui caressais délicatement la main. Une larme coula sur son visage. Par erreur, ma main effleura la « mauvaise herbe ». Celle-ci noircit instantanément, puis disparut. Ce fut comme un électrochoc.

Les ténèbres… Ces forces qui me poussaient à détruire sans états d’âme, allaient aujourd’hui me permettre de la sauver. Pourquoi n’y avais-je pensé plus tôt ? Néanmoins, un doute m’assaillit. Dans son état, un simple contact avec les forces obscures risquerait de la tuer.
Je n’avais plus le choix. Je plaquai doucement le corps de May contre le mien avant de laisser l’obscurité m’envahir. Elle hurlait de douleur.

Nous perdîmes connaissance.


Alors que je m’apprêtais à plonger toujours plus loin dans ma mémoire, guidé par Ailtora, j’entendis deux voix résonner dans mon esprit.


Cela fait une journée Madame, vous devriez vous reposer.

Non, trancha une voix de femme. Je resterai auprès de lui. Jusqu'à la fin.
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